L’exposition de Marie Diane Bessette se tiendra dans la salle multifonctionnelle de la bibliothèque jusqu’au 15 septembre. « Encercler la vie, explique l’artiste peintre, c’est l’ensemble des saisons. Tout dans la nature a un cycle. »
Marie Diane Bessette nous présentait l’exposition Dans le cercle des oiseaux en novembre 2020. On retrouve aujourd’hui avec plaisir son univers intérieur qui s’exprime par les arbres, les oiseaux et les cercles.
Le cycle des saisons
Marie Diane Bessette représente le cycle des saisons sur quatre tondos* aux couleurs distinctes. On commence par les couleurs naissantes du printemps qui accueillent l’arrivée triomphale des bernaches. On poursuit avec le vert intense des feuillus de l’été, propice à la reproduction de ces oies. Puis succède l’orangé mélancolique de l’automne qui les voit s’envoler vers le sud. Et enfin apparaît le blanc dénudé de l’hiver quand la vie s’est assoupie.
L’artiste y ajoute toutefois une cinquième saison, qu’on retrouve dans le calendrier atikamekw, celle du préhiver, de la première neige, en novembre-décembre. « Le temps est long, la neige revient et les bernaches retardataires se mettent à l’abri », peut-on lire sur la notice de cette œuvre.
L’arbre et ses racines
Marie Diane était technicienne horticole en foresterie urbaine. Elle peint les arbres, mais aussi leurs racines. Parce qu’elle sait à quel point elles sont importantes en arboriculture. Elle a pu constater que les arbres qui se retrouvent dans une situation précaire, par exemple, près de l’eau ou bousculés par les vents, développent des racines plus profondes, car ils ont besoin d’un meilleur ancrage dans la nature. « Symboliquement, être bien enraciné, c’est important si on veut bien évoluer », commente-t-elle.
L’artiste peintre revient d’un séjour de trois semaines au Japon. « L’immatérialité fait partie du quotidien des Japonais. Leurs ancêtres étaient très axés sur la spiritualité qu’ils appelaient leurs racines. C’est comme visualiser pour les autres ce que l’on a à l’intérieur de soi, explique-t-elle. Le reste de l’arbre, c’est ce qui se trouve dans le présent. » C’est pourquoi elle a peint des arbres dont les racines sont plus importantes que le tronc. La peinture D’où je viens en est une très belle illustration.
Une de ses toiles représente un piano, une autre, un violoncelle. Cela peut détonner au premier abord. Mais la musique, pour elle, c’est aussi encercler la vie, le rythme des jours de la vie, qui elle aussi constitue un cycle. Ce qu’elle veut transmettre en peinture, d’autres tentent de le transmettre en musique. Elle leur rend hommage.
Technique
Marie Diane se décrit comme une peintre semi-figurative de la nature. Sur toile et sur bois, la majorité des œuvres présentées sont composées de textures mixtes. « Je médite toujours avant de peindre puis j’exprime mon ressenti à l’aquarelle », confie-t-elle. Elle s’inspire ensuite de ce qui se révèle dans ce premier jet. Ses transparences sont à l’aquarelle et ses textures à l’acrylique. « Ce sont deux peintures à l’eau qui se mélangent bien », explique-t-elle. Elle appose un double vernis protecteur pour bien conserver la peinture aquarelle, plus sensible à l’humidité et aux salissures. Les lignes sont arrondies, fluctuantes et insinuantes. Le flou créé sur le contour et les détails des formes génèrent une sensation d’enveloppement vaporeux. Des arrière-plans évanescents insufflent une atmosphère unique à ses œuvres.
Conclusion
Marie Diane n’a pas fini d’explorer le cycle de la nature. Il lui reste à illustrer une sixième saison, qui, en fait, est la première saison chez les Atikamekws, le préprintemps : c’est encore l’hiver, c’est un printemps sur neige. Lorsqu’on demande à l’artiste combien de temps elle prend pour peindre une toile, elle répond: « Toute une vie. 50 ans. J’ai commencé à 17 ans et c’est l’accumulation de tout ce bagage qui fait que maintenant, je peins. »
Photos : Bélinda Dufour