Trois histoires de bravoure. Le Canada français et la Croix de Victoria

Bertrand, Luc, Trois histoires de bravoure. Le Canada français et la Croix de Victoria, Les Presses de l’Université Laval, 2015, 204 pages.
Après avoir présenté Léo Major, « le grand héros québécois en Hollande » qui est le seul soldat canadien, de toute l’armée britannique et du Commonwealth à avoir reçu, deux fois, la Médaille de conduite distinguée (D.C.M.), voici le livre de Luc Bertrand, Trois histoires de bravoure. Le Canada français et la croix de Victoria. En ce 11 novembre, journée de l’Armistice, je souligne ce livre qui raconte le courage de trois héros qui ont été décorés de cette Victoria Cross, le plus haut degré de reconnaissance.
Dans l’introduction de son livre, Luc Bertrand écrit : « L’histoire enseignée dans les écoles que je fréquentais (en 1980) ne parlait pas de héros militaires canadiens-français. À un âge où l’on se trouve habituellement en quête de héros, une telle découverte (lors d’une visite à la Citadelle de Québec) ne pouvait me laisser insensible. »
La Croix de Victoria
La Croix de Victoria, créée en 1856 par la reine Victoria, est la plus célèbre des décorations britanniques de la vaillance militaire, maintes fois décernée à titre posthume. Celle qui était réservée aux officiers, a été remise à de simples soldats, sans reconnaître la naissance ou la classe sociale et attribuée pour un « acte de courage remarquable, acte audacieux ou éminent de bravoure, de danger extrême, sacrifice ou dévouement ultime au devoir, en présence de l’ennemi ». Le récipiendaire peut faire suivre son nom des initiales « VC » et reçoit une rente annuelle. Depuis sa création, 1 356 Croix de Victoria ont été décernées. Même si la valeur sur le marché d’une CV a atteint un million de dollars australiens aux enchères en 2006, plus de 33 de celles obtenues par 96 soldats canadiens ont été remises au musée de la Guerre à Ottawa.
Trois Canadiens français
Depuis la guerre de Crimée (1853-1856), seuls trois Canadiens français du Bas-Saint-Laurent ont été décorés. Il s’agit de « la reconnaissance ultime des faits d’armes du caporal Joseph Kaeble et du lieutenant Jean Brillant, les deux à titre posthume pendant la Grande Guerre et au major Paul Triquet, pendant la Deuxième Guerre mondiale ».
Joseph Keable
Bertrand nous informe. En 1918, Joseph Keable et sa section sont aux premières lignes. Un terrible barrage d’artillerie blesse ou tue tous ses hommes. Les Allemands avancent avec leur baïonnette. Pour protéger les blessés, « mitraillette à la hanche », il tire et abat plusieurs ennemis. Il interrompt leur avance en attendant du renfort. « Il a les jambes fracturées, les deux bras cassés, sa main gauche pendante et saigne abondamment. »
Jean Brillant
Jean Brillant, officier à la tête de deux pelotons, « se lance à l’assaut du nid de mitrailleuses, blessé au bras et au ventre, il continue à marcher, il élimine la moitié des attaquants ».
Paul Triquet
« Le 14 décembre 1943, la compagnie du Royal 22e Régiment du capitaine Triquet se voit confier de prendre la Cada Bernardi. » (Italie) Constatant après un long combat que tous les officiers et la moitié des soldats sont morts, « il se précipite en avant et, avec ses hommes derrière lui, il vient à bout de la résistance de l’ennemi ».
La discrétion de la gloire militaire
Luc Bertrand écrit « la place discrète, qui leur est réservée dans notre mémoire collective, constitue un paradoxe d’un intérêt d’autant plus marqué, au moment où le Canada redécouvre la part qu’il a prise aux grands conflits mondiaux du XXe siècle, dans la foulée des anniversaires visant à les commémorer. La population canadienne-française (est) traditionnellement peu avide de gloire militaire ». Dans un courriel d’échange avec lui, il affirme : « Je suis parfaitement d’accord avec vous : la culture du héros est peu présente dans notre collectivité, d’où l’intérêt de votre démarche ».
Pour approfondir vos connaissances, consultez les sites :
- Musée canadien de la guerre : muséedelaguerre.ca
- Wikipédia : wikipedia.org/wiki/Croix_de_Victoria
- Citadelle de Québec. Musée du Royal 22e Régiment : qc.ca/fr/expositions/exposition-permanente.html
L’Encyclopédie du patrimoine culturel de l’Amérique française : ameriquefrancaise.or/fr/article-418/Croix_de_Victoria_:_r%C3%9cipiendaires_canadiens-fran%C3%A7ais.html