C’est avec une incroyable distribution que ce spectacle fut présenté les 19 et 20 décembre au Théâtre Gilles-Vigneault. À la veille de fêter Noël, les spectateurs avaient envie de rire un bon coup, afin de faire diversion autour de l’image du bon vieux bonhomme distribuant des présents. Cette pièce déjantée et humoristique connait un tel succès qu’elle sera présentée durant plusieurs mois encore.
Un classique au goût du jour
Le Père Noël est une ordure, ce classique du théâtre et du cinéma français a fait irruption durant les années 80. Aujourd’hui, la maison de production Monarque, co-fondée par André Robitaille, revisite cette époustouflante comédie. Ce dernier y signe également la mise en scène. L’exceptionnelle brochette des acteurs est composée de Jean-Michel Anctil (Pierre), Josée Deschênes (Thérèse), Brigitte Lafleur (Josette), Pierre-François Legendre (Katia), Claude Prégent (M. Preskovitch) et Mario Jean (le père Noël). De plus, à divers moments stratégiques, on peut entendre la voix de Guy Nadon qui interprète un obsédé sexuel au téléphone.
Un mot du metteur en scène
Tout juste avant le début de la pièce, on peut y entendre un message d’André Robitaille qui nous précise qu’il faut se mettre en contexte et que tout a évolué depuis 40 ans. Des sujets tels que le suicide, les transsexuels ou les immigrants y sont parfois mis de l’avant avec un humour assez pimenté, et ce sans méchanceté, ce qui aujourd’hui pourrait être offensant. Mais tout est si bien joué que les rires sont bien présents.
Un synopsis assez loufoque
Quand le rideau se lève, on peut y voir les protagonistes non costumés qui évoluent au son d’une musique qui donne l’impression qu’ils sont à une soirée entre amis. Ils reviennent avec leurs vêtements de scène et l’histoire nous emmène en 1984 dans les locaux de SOS Détresse Amitié le soir de Noël. Thérèse et Pierre sont seuls au bureau afin de recevoir des appels, si besoin. Ils discutent et ils s’échangent des cadeaux en tant que collègues. La soirée sera bien mouvementée pour les deux comparses quand Thérèse reçoit la visite surprise de sa cousine Josette.
Cette dernière, qui s’exprime de manière douteuse à cause d’un problème de dentition et qui a des habits d’une propreté très discutable, arrive en trombe au local. Avec sa grossesse très évidente et son langage pas toujours clair, elle tente d’expliquer ses problèmes de couple. Ou lorsque le travesti Katia apparaît et semble au bord du désespoir parce l’amour ne semble pas être au rendez-vous ou que le voisin M. Preskovitch ne cesse de venir les déranger avec ses sucreries à faire goûter. Finalement, quand le père Noël fait son entrée, ce n’est pas pour apporter des cadeaux, bien au contraire.
Il sème la pagaille et il voudrait reprendre la vie commune avec Josette, mais celle-ci n’y tient pas, car selon elle il ne la traite pas correctement. Entre-temps, le téléphone sonne et quand Thérèse répond, elle y entend des vulgarités provenant de l’homme (Guy Nadon) au bout du fil. Et quand il lui chante La p’tite grenouille reconnue pour son air grivois, il déclenche une hilarité générale parmi la salle! En tant que bénévoles, Pierre et Thérèse sont rapidement dépassés par les événements. Entre le voisin bulgare qui est dérangeant, le travesti en manque d’amour et dépressif, la cousine envahissante avec ses problèmes et le père Noël qui est loin d’être charitable, il y a de quoi être en détresse!
Quelques points marquants
Durant leur prestation, les artisans ont su nous transmettre leur savoir-faire avec une précision d’action, de complicité entre eux et que dire de chacun, de leurs rôles si bien campés. À titre d’exemple, quand Pierre-François danse un mambo des plus convaincants avec Jean-Michel, lorsque Claude joue de l’accordéon de façon si entraînante et Brigitte qui est une bombe d’énergie ou Josée dans son rôle de célibataire qui tricote pour se défouler. Quant à Jean-Michel, par moments, le public a la nette impression que son personnage de Râteau refait surface, en réponse à des mimiques bien étudiées. Et Mario qui fait en sorte que malgré ses écarts de conduite, le Père Noël n’est pas si ordurier que cela.
Une finale explosive
Cette production de grande envergure tient sa popularité grâce aux créateurs, au metteur en scène, etc., mais par-dessus tout il faut reconnaître le talent de toute la troupe. Quelle belle idée d’incorporer un aspect musical avec la présence sporadique d’une multi-instrumentiste durant la présentation ! De même que d’entendre des capsules chantées telles que J’t’aime comme un fou que l’auditoire accompagne avec plaisir. Une ovation bien méritée fut offerte aux excellents comédiens. Au moment de partir, une explosion de fumée surprend tout le monde… Serait-ce un exploit du légendaire Père Noël?
Pour infos : theatregillesvigneault.com
Photo : Shayne