C’est le premier juin que la salle du Théâtre Gilles-Vigneault accueillait les excellents comédiens venus nous présenter la pièce Le Placard. Cette comédie extraite du film réalisé par le dramaturge français Francis Veber en 2001 a connu un vif succès lors de sa parution. Ce soir-là les spectateurs ont pu apprécier le talent indéniable des acteurs qui ont su nous démontrer que l’on peut rire à plusieurs niveaux, selon la perception de chacun.
Des personnages colorés
Le personnage principal est François Pignon et il est comptable. Il est incarné par Sébastien Doge qui transporte dans son bagage professionnel plus de 70 participations à des productions scéniques. Ses collègues de bureau sont Denis Santini (Hugo Giroux) et Guillaume Perez (Marc-André Poliquin) ainsi que Laurence Vaillancourt (Myriam Poirier) et Lise Poitras (Élodie Bégin). Le président de l’entreprise, Maurice Tétrault (Jean-Bernard Hébert), ainsi que le charitable voisin de Pignon qui se nomme Georges Garneau (Raymond Bouchard) complètent le tableau des interprètes. C’est le prolifique Alain Zouvi qui en fit la mise en scène ainsi que l’adaptation québécoise. Une production des Productions Jean-Bernard Hébert.
Quand s’ouvre le placard…
Le rideau se lève sur la scène présentée en deux tableaux; d’un côté on y voit l’appartement de François Pignon et de l’autre c’est le bureau des comptables. La lumière est dirigée là où se passe l’action laissant l’autre partie de la scène dans l’obscurité. On a ainsi l’impression de mieux capter les situations que vivent les personnages qui sont ainsi mis de l’avant. Durant la pièce, on y apprend que Pignon est un comptable réservé travaillant dans une usine de caoutchouc, notamment dans la fabrication de préservatifs. Une rumeur circule selon laquelle il perdrait son emploi. Il en sera chamboulé, car étant nouvellement séparé, il doit subvenir aux besoins de son fils. Il considère que sa vie ne vaut plus rien et il tente de mettre fin à ses jours.
Le hasard lui fera rencontrer son voisin de palier, Georges qui l’aidera à trouver des solutions. Il le convaincra de laisser croire à son patron qu’il est homosexuel et qu’ainsi il ne pourrait pas être congédié, car la compagnie craindrait une poursuite pour homophobie. Quelle idée géniale! Cette proposition pourrait peut-être aider le malheureux comptable… S’en suivra toute une série de situations où la finesse du texte croise le rire et la réflexion sur un sujet encore délicat de nos jours. Ses collègues féminines ne se gênent pas pour émettre des commentaires pas toujours glorieux envers Pignon. Ses compagnons de travail masculins inventent des scénarios afin de le ridiculiser. On peut presque ressentir l’empathie de l’auditoire dans les rires sous cape que certaines répliques provoquent. Mais l’histoire nous fera découvrir un aspect bien caché de l’un d’eux, d’autant plus qu’il partage ses idées homophobes assez clairement. La pièce se poursuit et nous sommes les témoins d’un nouvel amour pour Pignon, ce qui lui fera dire « je suis sorti d’un placard où je ne suis jamais entré ».
Une production sans failles
L’excellent jeu des acteurs contribue à rendre Le Placard très accessible. Rigoler et réfléchir, voilà deux mots qui nous viennent à l’esprit en regardant évoluer les personnages durant leur prestation. Cela pourrait être un incitatif à une introspection sur la portée de nos mots et préjugés. Suite à la représentation, peut-être que ce placard aura permis d’ouvrir une porte sur une discussion concernant non pas l’homosexualité, mais l’homophobie dont certaines personnes sont encore victimes? Les spectateurs offrent des applaudissements bien sentis à toute la fabuleuse équipe qui s’est produite ce soir-là!
Pour infos : theatregilles-vigneault.com