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Pierrette-Anne Boucher – Bénévole 2022 Rendre visibles les espaces invisibles des gens engagés, apprendre d’eux

Pierrette-Anne Boucher, notre Bénévole 2022, a soif des leçons de vie des personnes rencontrées. Depuis 25 ans, par ses écrits au Sentier, elle nous en nourrit aussi.

Je ressens, je pense, j’agis

Touche à tout, Pierrette-Anne Boucher s’est intéressée au cours de ces années à de multiples sujets. Ayant fait un tour rapide des textes parus au cours de ces années, un fil conducteur se dessine : son humanisme. « Oui, je veux apprendre des gens, de leurs luttes et de leurs réussites. Je m’en suis créé un crédo : ressentir, penser, agir pour grandir. »

Il est où est le bonheur ?

Pas étonnant que depuis deux ans, elle nous interpelle sur ce que peut être un bonheur. « Je veux montrer comment des personnes, malgré des épreuves, réussissent à retrouver pied et à se positionner : devant l’événement et non, aspiré par celui-ci. N’y trouvent-ils pas à leur façon, leur bonheur ? » Des perles de croissance et d’accomplissement personnel émergent de ses récits touchants. À écouter Pierrette-Anne, ils sont le fruit d’un long cheminement professionnel.

Journaliste au Sentier

Pour Pierrette-Anne Boucher, écrire est depuis longtemps un moment de bonheur. « Aussitôt que j’ai lu cette petite annonce dans Le Sentier qui invitait à devenir journaliste, j’ai contacté Michèle Chateauvert, alors la directrice. Puis, j’ai soumis rapidement un premier texte et, avec bonheur, il a été publié. J’ai senti un vent dans ma voile de vie et j’avoue que depuis, il ne s’est pas apaisé. »

 

Susciter une reconnaissance des marchands locaux

« Écrire est un pouvoir précieux. Si pour certains c’est une arme, pour moi, fidèle à ma pensée et à ma formation d’éducatrice, je veux m’en servir pour faire grandir et changer les choses. » Faisant remarquer à madame Boucher que parmi ses premiers articles, plusieurs portent sur les marchands locaux. « Oui, c’est vrai. Personnellement, je trouvais tellement pratique d’avoir accès à cette offre de services de proximité. Je voulais que collectivement, on en prenne conscience. N’est-ce pas encore aujourd’hui, un des éléments qui contribue à la qualité de vie à Saint-Hippolyte ? »

Valoriser l’appartenance municipale

Au fil de l’échange, rappelant d’autres articles présentés au fil des années, madame Boucher en a souligné certains, reprenant ses mots, qui mettent en valeur « un sentiment nouveau d’appartenance à une vie villageoise municipale. C’était l’époque, précise-t-elle, où de nouveaux services municipaux, communautaires et récréatifs étaient proposés à la population. Ce n’était pas facile pour les acteurs de ce branle-bas organisationnel : décideurs, créateurs et bâtisseurs de projet. Comme observatrice, attitude fondamentale d’une journaliste, je constatais les tensions. Mes textes amenaient des réflexions. Je pense avec le temps qu’elles ont porté fruit. »

Pour moi, écrire dans le Sentier a toujours représenté ma contribution à ma communauté. Je me suis toujours sentie à ma place. Je crois que des écrits et les réflexions suscitées peuvent être porteurs de sens et d’horizons. Pierrette-Anne Boucher.

Ta déficience m’attise ou me défrise

Puis, dans ce grand tour d’horizon des textes de madame Boucher, une série durant les années 2010, aborde l’histoire de personnes vivant avec un handicap. « J’avais remarqué la collaboration très appréciée de marchands locaux à un programme d’insertion au travail de ces personnes. Je trouvais important de valoriser l’action de ces marchands, mais aussi de démystifier la vie de ces personnes. Le message déstabilisant de mon titre était voulu. Il a fait réagir et m’a apporté de beaux témoignages personnels. Au-delà de l’apparence, je voulais montrer que l’invisible peut faire du bien. » Ces articles et cette approche ont été repris et soulignés au Centre Le Florès du CISSS des Laurentides. Puis, l’un dans l’autre, chemin faisant, durant ces 25 années de participation au journal Le Sentier, il y a eu aussi sur la route de madame Boucher, la rencontre avec Jacques Grand’Maison, prêtre et sociologue.

Nourrir sa vie de leçons de gens investis

« Mes dernières chroniques : Il est où le bonheur ?, et ma profession d’accompagnatrice, sont des fruits de mon cheminement personnel et professionnel inspiré et héritage de mes partages et réflexions avec Jacques Grand’Maison. J’aime rendre visibles les espaces invisibles des gens investis, des personnes engagées. Grâce à leur témoignage, en les observant avec un peu d’introspection, on se nourrit de “sages leçons”. On apprend autant de leur questionnement, de leurs luttes personnelles, de leurs combats parfois perdus et de leurs réussites. Ce n’est pas si évident! La démarche en vaut pourtant la peine. »

 

Montagnes hippolytoises et eau fraîche

Pierrette-Anne et sa famille ont d’abord connu Saint-Hippolyte en 1981, comme lieu plein-air de vacances et de ressourcement. « J’étouffais à Montréal. J’avais besoin de voir des montagnes verdoyantes dans mon horizon et me tremper les pieds dans une eau fraîche comme je le faisais, enfant. Incroyables, tous les bons moments qu’on a vécus, été comme hiver. À plus d’un égard, plusieurs nous définissent comme personne, comme famille : premières aventures et prouesses nautiques et sportives; premières amitiés, amours et, que de belles et nourrissantes rencontres familiales et sociales. »

Maintes fois récompensée

Dès son enfance, Pierrette-Anne Boucher s’est démarquée par la qualité de ses écrits. « Au primaire, à l’école de mon village nordique Val-Paradis, aux limites de la Baie James, une année j’ai gagné un prix provincial d’écriture. C’était tout un honneur pour moi, ma famille et surtout pour la centaine de personnes de mon village. Être reconnue m’a donné un élan de vouloir aller plus loin, de m’améliorer constamment. J’en ai même fait un leitmotiv qui m’a fait embrasser une carrière en enseignement. »

 

Fiers-Actifs

Généreuse de son temps et investie tout entière à la formation, Pierrette-Anne Boucher a créé et dirigé durant neuf ans, l’organisation les Fiers Actifs. Quatre-vingt-dix grands ados qui œuvraient l’été dans des parcs auprès des jeunes de 7 à 12 ans. Accompagnés de Jacques Grand’Maison, figure inspirante et réflexive auprès d’eux, ces moniteurs ont joué à leur façon, un rôle important de prévention et d’intervention dans des problématiques liées à la criminologie. La Société de criminologie du Québec a souligné cette grande contribution à Pierrette-Anne Boucher, par la remise du prix Denis Gagné.

 

Centre Le Florès

Il en est de même pour la série d’articles intitulés Ta déficience m’attise ou me défrise rédigés par Pierrette-Anne Boucher. Rassemblés dans un document, ces écrits servent à la formation des intervenants du Centre Le Florès du CISSS des Laurentides.

Un long chemin d’amitié et de réflexions avec Jacques Grand’Maison

« La vie fait drôlement les choses, amorce madame Boucher, me relatant comment elle croise Jacques Grand’Maison, sur sa route de vie. À une certaine époque, les gens autour de moi me parlaient de ce prêtre et de ses prêches qui ressemblaient davantage, à leur dire, à des échanges amicaux. On me mentionnait que le dimanche matin, la chapelle Sainte-Anne du lac Connelly se remplissait d’un nombre impressionnant de paroissiens et de gens venant parfois de loin pour l’entendre. Moi qui n’étais pas pratiquante, j’y suis allée par curiosité. Je me suis fait prendre à mon jeu. J’ai été touchée par ses propos et sa pensée si actuelle et j’ai voulu qu’il soit dans ma vie.

 

Ma rencontre avec Jacques Grand’Maison a grandement orienté ma vie personnelle, familiale et professionnelle. Jacques, humble et ouvert à tous, était facile d’approche. Nous sommes vite passés des échanges informels après la célébration religieuse du dimanche, aux invitations à partager un repas en famille, puis à prolonger nos discussions dans des après-midi et des soirées. Jacques s’intéressait à tout et à tout le monde. Entre nous, de grandes réflexions autour des valeurs éducatives à l’intérieur des familles et des milieux scolaires. Il m’appelait sa psy préférée, car nous partagions la même mission : donner à penser pour grandir. J’ai eu l’immense honneur d’écrire et de prononcer le discours de circonstance lors de ses 50e et 60e anniversaires de prêtrise. Ses dernières paroles, en me tenant la main et me présentant son petit livre bleu, ont été : Toi et Moi, on ne se lâche pas. J’ai reçu ce message comme une mission à continuer. »

 

Texte adressé à Pierrette-Anne Boucher lors du Brunch des Bénévoles 2022

Pierrette-Anne nous interpelle depuis quelques mois par : Il est où est le bonheur ? Pourtant, nous le découvrons sous sa plume affinée de perles de croissance et d’accomplissement de vie, fruits du principe qui lui est cher : « Je pense, je ressens et j’agis ». Depuis le début de sa participation au Sentier dans les années 1990, elle nous a fait découvrir beaucoup de petits bonheurs. Parmi ceux-ci, notons ceux des marchands locaux qui, par la proximité de leur offre de service, contribuent à notre qualité de vie. Ceux de personnes vivant avec un handicap et intégrées par l’attention de ces marchands dans notre communauté.
Vous vous rappelez : Ta différence m’attise ou me défrise ? Au tournant des années 2000, c’est le sentiment d’appartenance villageoise qu’elle attise, documentant les nombreuses activités et services offerts. Puis, touche à tout, viennent des articles inspirés de partages réflexifs avec Jacques Grand’Maison, prêtre sociologue. Ce riche chemin d’attachement sera célébré lors des 50e et 60e anniversaires de sacerdoce et jusqu’à ces dernières paroles : Toi et moi, on ne se lâche pas. Ma chère Pierrette-Anne Boucher, retiens que chacun de tes écrits est un petit bonheur.