« Plutôt que de voir un arbre, indique Michel Tremblay, je vois quelques brindilles d’une feuille ou quelques aiguilles d’un sapin. » Il dépeint ainsi le contenu de son exposition de photographies, D’un peu plus près (Un regard intimiste), qui se tiendra dans la salle multifonctionnelle de la bibliothèque jusqu’au 3 juin.
C’est un retour parmi nous pour ce photographe qui nous avait déjà présenté Quelques instants d’éternité en février 2020.* Michel Tremblay entretient toujours un contact intimiste avec la nature. Son œil est attiré par mille petits riens qu’il transforme en petits bijoux.
Approche créative
« Pendant longtemps, j’ai fait beaucoup de choses originales, dit-il, mais maintenant, je cherche moins à faire quelque chose de différent. Je suis plus serein, en paix avec le processus créatif. » À présent, il s’efforce plutôt de créer une atmosphère, une ambiance. Il a décidé de nous présenter ses photos en toute simplicité. Pour un temps, il a mis de côté l’encaustique et l’époxy. Ses photos sont simplement présentées dans un cadre vitré. Une présentation classique. Sans toutefois faire de compromis : l’encre et le papier utilisés sont de haute qualité.
Flou et netteté
Dans l’univers de la photographie, beaucoup d’attention est accordée à la netteté des images. Mais l’imprécision a aussi sa place. Michel Tremblay avait l’habitude de présenter des photos très nettes et très définies. Maintenant, elles sont beaucoup plus floues « Dans la vie, il n’y a pas grand-chose de net, dans le fond. J’essaie de transmettre ça dans mes photos. » Il a adopté une approche plus organique des choses, moins cérébrale. Ces flous artistiques confèrent une charge mystérieuse et poétique à ses images. On ne peut les contempler sans ressentir un effet apaisant. Le temps ralentit. Notre respiration se calme. Notre regard devient contemplatif. Une apesanteur s’installe.
Du vieux matériel
Michel aime photographier. Il ressent du plaisir à être à l’affût, à l’écoute, en contact. Il observe tout ce qui l’entoure. Il n’a pas à aller bien loin. 80 % de ses photos ont été prises à moins de cent mètres de chez lui. Michel utilise un Pentax K-1. Sa lentille de prédilection a cinquante ans. C’est une Rikenon XR 55mm F/1.2, à laquelle il ajoute à l’occasion un verre de grossissement Raynox DCR-150, qui fait en quelque sorte office de loupe. Il s’est récemment procuré des lentilles plus anciennes. Certaines ont plus d’une soixantaine d’années. Elles sont, bien sûr, dépassées aujourd’hui par des lentilles plus performantes. Elles engendrent souvent du flou, des reflets de soleil mal maîtrisés. Mais Michel prend ses clichés en tablant, justement, sur les imperfections de ses vieilles lentilles. Il conserve les défauts, il les travaille. « C’est moins parfait, mais ça donne des résultats que je trouve plus humains », explique-t-il.
Il ressent chaque fois un véritable ravissement à découvrir ses photos sur un écran. Il magnifie ce qu’il aime dans chacune d’elles. « Je ne les abandonne pas facilement. Je leur donne la chance d’être au plus beau de ce qu’elles peuvent être. » Michel utilise principalement le logiciel Lightroom qui lui permet d’effacer, d’abaisser les lumières, d’éclaircir les ombres et de changer les tonalités de couleurs. C’est de cette façon qu’il réussit à nous présenter de délicates couleurs éthérées qui sont à la fois douces et vibrantes.
Sujets ordinaires
Il arrive que des photographes ne parviennent pas à rendre justice aux paysages extraordinaires qui se dévoilent devant eux. À l’opposé, Michel Tremblay traite des sujets ordinaires, à la limite insignifiants, et les habille de nouveaux atours. Nouvellement endimanchés, ils sont à même de dévoiler la quintessence de leur beauté. Ses photos embellissent ses journées et, l’espère-t-il, embellissent aussi celles des autres.
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* Article paru dans Le Sentier de février 2020