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L’excursion ultime du Frère Marie-Victorin 15 juillet 2024 : 80e anniversaire du décès de cet illustre botaniste

Durant ses vacances, le Frère Marie-Victorin, né Conrad Kirouac, adorait se laisser conduire en auto avec ses proches amis, pour aller observer de près un territoire du Québec hébergeant une plante peu commune ou même rarissime.

 

Le 15 juillet 1944, Marie-Victorin s’assoit dans le siège du passager avec André Champagne comme conducteur et sur la banquette arrière sont placés Marcel Raymond, James Kucyniak ainsi que son collègue en religion le Frère Rolland-Germain. L’endroit choisi : Black Lake, dans les Cantons de l’Est, afin d’y découvrir une rare fougère poussant sur la roche serpentine, la Cheilanthes siliquosa.

 

Trouver une fougère rare

À cette époque, en 1944, la santé de Marie-Victorin n’est plus ce qu’elle a déjà été. Le scientifique se déplace avec une canne et toujours de plus en plus difficilement. Également, il ne peut plus se pencher. Arrivé à destination, le frère demeure dans la voiture, en bordure du lac William, occupé à compléter un article qu’il se devait d’écrire, pendant que ses valeureux amis parcourent le territoire en quête de cette minuscule fougère. C’est le Frère Rolland-Germain, botaniste émérite, qui trouve la fougère et en rapporte quelques spécimens qui feront éventuellement partie de l’herbier de l’Institut botanique. Le Frère Marie-Victorin est ravi de la trouvaille et remercie Rolland-Germain pour sa persévérance.

 

Des arrêts sur le chemin du retour

C’est vers 18 h 30 que les amis s’arrêtent pour souper ensemble. Sur le trajet du retour, ils font deux autres haltes avant qu’il ne fasse trop sombre. Et vers 22 h 30, une voiture roulant en sens inverse se dirige sur eux… Marie-Victorin dormait dans le siège du passager et après l’impact, son corps se retrouve coincé entre le tableau de bord et la banquette. Le frère a une coupure au-dessus de l’œil et il ne se porte pas bien. Une demi-heure plus tard, on réussit à le conduire en taxi jusqu’à l’hôpital le plus proche. Hélas! Il meurt avant que l’on ne puisse lui prodiguer des soins.

 

Héritage qui demeure

Ainsi nous a quittés le Frère Marie-Victorin, un des plus grands scientifiques du XXe siècle. Rappelons ici qu’en plus de fonder le Jardin botanique de Montréal, il rédigea la Flore laurentienne, enseigna à l’Institut botanique de l’Université de Montréal et ne cessa d’apporter sa contribution à la flore d’ici, mais aussi à celle d’ailleurs, notamment celle de Cuba.

Même si je suis trop jeune pour l’avoir connu, je me considère comme l’un de ses disciples et la Flore laurentienne demeure toujours un de mes livres de chevet.

 

Récit de Marcel Raymond

Le récit de la dernière journée de vie de Marie-Victorin a été raconté dans Le Devoir du 12 août 1944 par Marcel Raymond qui était sur place avec lui pour cette ultime excursion. Il est à noter que ses collègues ont survécu à l’accident. Seul Marie-Victorin ne s’en est pas sorti indemne.

Pour en savoir davantage, veuillez consulter :

LAVALLÉE, Madeleine : MARIE-VICTORIN un itinéraire exceptionnel, Les Éditions Héritage, Saint-Lambert, Québec, 1983.

À noter…

Ces jours-ci, sur nos écrans de cinéma, il est possible de voir le beau film Dites-moi pourquoi ces choses sont si belles. Le Frère Marie-Victorin est au centre de l’action de ce film ainsi que sa collègue et ancienne élève Marcelle Gauvreau.