On associe souvent les insectes à des désagréments, surtout dans les Laurentides où maringouins et mouches noires se régalent de notre sang. Mais la majorité des insectes passe inaperçue et nous rend des services immenses.
On connaît bien le rôle des insectes dans la pollinisation. On estime que 80 % des plantes à fleurs dépendent des insectes pollinisateurs. Dans notre alimentation, une bouchée sur trois proviendrait de la pollinisation des abeilles, des papillons, des mouches, des fourmis et des coléoptères. C’est grâce à eux si on peut se régaler de bleuets, de fraises et de tomates durant l’été.
En plus de polliniser
Outre la pollinisation, les insectes contribuent à maintenir l’équilibre global de nos écosystèmes :
- ils agissent comme filtres dans les cours d’eau en décomposant les débris aquatiques;
- ils servent de nourriture aux oiseaux. Incidemment, 96 % des oiseaux d’Amérique du Nord nourrissent leurs petits d’insectes;
- ils contrôlent les populations d’insectes nuisibles aux cultures. À noter que seulement 0,5 % des insectes sont nuisibles aux cultures;
- certains insectes prédateurs, comme les guêpes, aident à maintenir un équilibre dans les autres populations d’insectes et d’arthropodes comme les chenilles, les criquets et les araignées;
- ils décomposent la matière organique et recyclent les déchets d’origine végétale ou animale. En les décomposant, les insectes rendent toute la matière organique renfermée dans ces débris, disponible pour la biomasse végétale. Par exemple, sans les insectes décomposeurs, la bouse de vache mettrait 60 % plus de temps à se décomposer;
- ils diminuent le nombre d’insectes vecteurs de maladies. Les libellules par exemple mangent des centaines de maringouins par jour.
Leur déclin devrait donc nous inquiéter
Les insectes sont en déclin au Québec et partout dans le monde. On estime qu’en 30 ans, les populations d’insectes ont chuté de 75 %. Les causes sont multiples : perte d’habitat (destruction, urbanisation, agriculture, industrialisation, fragmentation, artificialisation, déforestation, drainage), pollution, changements climatiques, espèces exotiques envahissantes, etc. L’agriculture intensive est particulièrement délétère pour la survie des insectes. Elle entraîne une déforestation, une fragmentation des habitats, une perte de biodiversité, une modification radicale dans la structure du sol et un déversement de produits chimiques dans l’environnement.
Le déclin des insectes entraîne à son tour le déclin d’autres populations. Ainsi, les populations d’oiseaux insectivores aériens, comme les hirondelles et les martinets, ont décliné de 59 % au Canada depuis 1970.
Des gestes pour les aider
Bien que les changements majeurs viendront des politiques et règlementations gouvernementales, agricoles et industrielles, il est possible d’aider les insectes au niveau individuel.
À commencer par délaisser cette vision utopique de la pelouse parfaite. Les organismes environnementaux plaident pour une pelouse moins « parfaite », moins uniforme et abritant des espèces végétales variées. Ils rappellent que les pelouses du style green de golf, qui ne sont ni plus ni moins que des monocultures, deviennent très vite des déserts écologiques et attirent très peu les insectes. Ils recommandent aussi de ne pas tondre le gazon en mai. Le Défi pissenlits est une initiative québécoise qui, chaque printemps, invite les villes, organisations et citoyens du Québec à retarder la tonte de leur gazon afin d’offrir nectar et pollen aux abeilles grâce aux pissenlits.
Il est aussi possible de planter des fleurs indigènes sur son terrain. Diverses études démontrent que la flore indigène répond davantage aux besoins nutritifs essentiels des insectes. Et pourquoi ne pas encourager sa municipalité à ne pas faucher les bords de chemins en pleine saison de floraison? Les fleurs qui se déploient le long des routes au printemps et durant l’été, comme l’asclépiade, le mélilot, la chicorée, la carotte sauvage ou le trèfle embellissent non seulement notre environnement, mais sont aussi indispensables aux insectes.
D’autres solutions
Fournir de l’eau aux insectes et des abris naturels comme des pierres, des pots de fleurs renversés, de la paille ou des feuilles mortes. On voit aussi de plus en plus de ces « hôtels à insectes » qui fournissent diverses « chambres » appropriées pour la ponte, le repos ou l’hivernage des insectes. Il faut en outre impérativement bannir les pesticides. Enfin, pourquoi ne pas commencer par changer notre attitude envers ces petites bêtes ? Les voir comme nos alliées et non comme des nuisances pourrait faire une différence pour leur avenir… et le nôtre.
Sources :
- Pourquoi 75 % des insectes ont disparu en 30 ans?,ca, mai 2025 lanature.ca/2025/05/03/pourquoi-75-des-insectes-ont-disparu-en-seulement-30-ans/item/des-ouvriers-invisibles-de-la-nature-en-voie-de-disparition-1
- Les insectes et arthropodes, Association des entomologistes amateurs du Québec ca/insectes-arthropodes
- Here’s how insects help keep ecosystems in balance, World Wildlife Magazine, Spring 2023 org/magazine/issues/spring-2023/articles/here-s-how-insects-help-keep-ecosystems-in-balance