Notre époque se cherche. Qui sont nos héros canadiens? Après Glenn Gould et Léo Major, je vous présente le Dr Norman Bethune.
Marc St-Pierre, un jeune historien, vient de publier Revenant de Chine. Norman Bethune en mémoire. Il met à jour toutes nos connaissances sur la vie de ce célèbre médecin qui a vécu une partie de sa vie à Montréal.
Une statue en Chine et une à Montréal
Voici une preuve que Bethune est un héros. Sa statue est toujours debout sur le boulevard De Maisonneuve à Montréal, près de l’université Concordia. Elle n’a pas été déboulonnée dans la vague destructrice de 2020. Reconnaissons qu’il est un personnage complexe et que pour s’y attaquer, il faut connaître son histoire.
Il est considéré comme un héros en Chine, adulé par Mao Tsé-Toung qui a publié un texte célèbre connu de tous les Chinois À la mémoire de Norman Bethune. Il a pratiqué au sanatorium de Sainte-Agathe-des-Monts dans les années 1930-1933. Les bénévoles de nos nombreuses sociétés d’histoire, tels le Comité du patrimoine de Sainte-Agathe-des-Monts et la Société d’histoire et de généalogie des Pays-d’en-Haut, nous le font connaître.
Son histoire
Originaire de l’Ontario, Norman Bethune obtient son diplôme de médecine en 1916. Ses biographes nous le présentent comme un génie de la chirurgie thoracique. Lui-même, victime de la maladie la plus répandue au début du XXe siècle, la tuberculose, séjourna dans un sanatorium situé dans l’état de New York. Une fois guéri, après avoir subi avec succès une intervention risquée, le pneumothorax thérapeutique, il reprend son travail de chirurgien et se spécialise dans le domaine de la pneumologie. Il travaille dans les hôpitaux du Royal-Victoria, puis du Sacré-Cœur de Cartierville. Il invente de nouveaux outils chirurgicaux pour lesquels il obtient des brevets aux États-Unis. Il devient un chirurgien réputé et prononce des conférences dans plusieurs pays.
L’air pur laurentien pour soigner la tuberculose
Il importe de noter que les montagnes des Laurentides ont été choisies pour guérir les malades atteints de la tuberculose, pour le milieu de vie sain qu’elles offraient. Si les sanatoriums de Sainte-Agathe-des-Monts servaient à traiter et guérir les malades, le Camp Bruchési, à Saint-Hippolyte, était utilisé pour la prévention de la tuberculose, en accueillant des enfants chaque été . Plus de 140,000 depuis sa fondation en 1880. Un récent livre de l’historien Antoine Michel LeDoux raconte cette belle aventure.
Un autre trait de génie de Bethune, ses prises de position publiques concernant le besoin pour toute la population et pour les travailleurs victimes de la tuberculose d’avoir accès à des soins de santé gratuits. Cette maladie était causée par la pollution des quartiers industriels de Montréal. Déjà, plus de 30 années avant qu’elle ne soit pratiquée au Québec dans les années 1960, il réclamait une médecine gratuite.
Chirurgien dans les zones de guerre
Bethune travaille comme chirurgien en Espagne en 1936 et en Chine en 1939 lors de guerres de libération menées par ces deux peuples. Son implication se fait toujours dans l’idée de soigner toutes les personnes, comme un grand humaniste. Il innove en créant des unités de transfusion sanguine près des zones de combats, sauvant ainsi de nombreuses vies de soldats blessés. Il se blesse en opérant sans gants, blessure qui s’infecte et cause un empoisonnement sanguin. Sans pénicilline, il meurt en Chine en 1939.
Pour mieux le connaître, je vous invite à visionner le film gratuit, de l’ONF Bethune, héros de notre temps, de Donald Brittain (1965) et à lire le plus récent livre sur Bethune de l’historien Marc St-Pierre.
