Une nouvelle exposition sera à l’affiche dans la salle multifonctionnelle de la bibliothèque, du 16 janvier au 18 février 2025. L’artiste Sabiha Merabet peint à l’huile et à la cire froide. Résidente de Rivière-des-Prairies, elle découvrira Saint-Hippolyte au moment de cette exposition.
« J’ai toujours cherché. J’ai toujours été en quête de quelque chose en moi. Je ne savais pas ce que c’était. J’ai cheminé pendant des années. J’ai 54 ans. Pour moi, l’âge n’est pas une limite pour commencer à découvrir, redécouvrir, se découvrir. Je suis en perpétuelle exploration de ma personne, de ce qui m’anime, de ce qui me rend vivante. »
Une décennie d’exploration
En 2014, Sabina Merabet ouvre un restaurant. Pour égayer le menu, elle commence à photographier ses plats. Le resto ferme, mais son intérêt pour la photo est, lui, grand ouvert! Elle suit une formation en photographie professionnelle. Elle doit préparer un portfolio de photos d’aliments pour l’obtention de son diplôme. Elle en profite pour sortir des sentiers battus, pousser sa réflexion plus loin. Afin d’explorer les options possibles de rendus photographiques, elle compose des aliments avec de la peinture.
« J’ai été emportée dans un flux de création, explique-t-elle. Je n’ai pas pu m’arrêter. C’était tableau après tableau. J’ai su que quelque chose se passait. C’était très très très puissant comme message. Tout mon corps avait réagi à l’expérience. » Premier contact choc, donc, avec la peinture qu’elle ne quittera plus. « Je n’ai jamais arrêté de peindre parce qu’à ce moment-là j’ai su que c’était ça qui me manquait. » Autodidacte, elle réalise ses premières toiles à l’acrylique. Un jour, elle assiste à un atelier où elle accroche à cette phrase qui deviendra ses maîtres-mots: explore, fais ce que tu as envie de faire.
Le coup de foudre
Lorsqu’un livre sur la peinture à l’huile et à la cire lui tombe entre les mains, c’est le coup de foudre. Sur la couverture de l’ouvrage, elle découvre toute la gamme de textures qu’on peut obtenir en utilisant cette technique. « Je me suis dit, je ne veux plus peindre à l’acrylique. Je veux vraiment apprendre à peindre avec ce médium. C’est un procédé assez populaire aux États-Unis, précise-t-elle, mais très peu de peintres d’ici emploient cette méthode. »
Elle peint pendant un an dans un atelier où elle ne peut que réaliser de petits formats. Elle se rend compte qu’elle a besoin d’espace pour créer. Elle décide donc d’utiliser le plus grand mur de son sous-sol comme chevalet. Ça lui a permis de s’exprimer sur de grandes toiles.
Multiples sources d’inspiration
« Ce qui m’inspire quand je commence à peindre, c’est le format et le support. » Sabiha emploie plusieurs supports. Elle achète sa toile en rouleau. Elle décide ainsi du format de chacune de ses créations. La toile est étirée et posée sur un panneau de bois. Elle utilise aussi le papier arches marouflé sur panneau de bois. C’est un papier d’art épais qui permet d’absorber la peinture. Et elle peint directement sur les panneaux eux-mêmes. Elle utilise aussi des canevas montés sur châssis.
Approche et techniques
« Je ne peins que de l’abstrait. Ça me parle beaucoup. C’est ce qui m’a toujours attirée. Ça me donne toute la liberté de créer sans contrainte ». Lorsqu’elle commence à appliquer les couleurs, elle ne sait jamais comment elle va commencer ni comment la toile va finir. « Je suis toujours surprise à la fin! » Le mélange d’huile et de cire froide a l’avantage de sécher plus rapidement que l’huile seule. « Pour arriver au visuel que je souhaite transmettre, je peins couche sur couche, jusqu’à 30 couches, pour créer une texture et un relief qui feront ressentir la profondeur. » Elle prend plaisir à travailler sur un panneau en bois, car elle peut le graver, le gratter jusqu’à le toucher. Elle peut remplir l’espace avec de la peinture.
Pour ajouter de la texture, Sabiha se sert souvent de la poudre de marbre. Elle utilise aussi le charbon et le fusain broyés, mélangés à de la peinture noire. « On peut ajouter du sable, de la saleté, on peut ajouter tout ce qu’on veut. On le mélange avec la peinture à l’huile et cire froide et ça colle, ça reste là pendant des années! » Elle travaille également avec des collages. En fait, elle cherche constamment à enrichir son langage visuel à travers des techniques variées.
Chapitres de vie
Sabiha ne peint jamais de toile individuelle. Chacune fait partie d’une collection. Cela donne un sens à sa démarche. Chaque série comprend un minimum de six tableaux. « Je peins vraiment ce qui se passe dans ma vie à un moment précis. Ce que je ressens à ce moment-là, je le transmets sur la toile. » Elle confesse ouvrir et clore une collection comme si c’était des chapitres bien précis de sa vie.
L’exposition
L’artiste sait déjà qu’elle présentera aux Hippolytois des diptyques à l’huile et à la cire sur papier marouflé sur panneaux en bois. Il y aura aussi, mentionne-t-elle, de grandes toiles. Au moment de l’entrevue, elle n’avait pas encore complété sa sélection. Elle précise cependant qu’elle exposera plusieurs œuvres qui seront présentées pour la première fois. Le vernissage, qui se tiendra le 16 janvier, offre une occasion unique de rencontrer cette artiste, tout aussi passionnée que passionnante, qui n’a pas fini de cheminer et d’explorer son territoire intérieur, à la fois intime et universel. sabihamerabet.com