Je vous présente ce livre de Luc Chartrand, instructif pour les écologistes et les amants de la nature. À lire pour les connaissances qu’il apporte sur un domaine qui intéresse chaque année des milliers de Québécois, la chasse. Je donne suite à la présentation du mois dernier du livre de Jose Ortega y Gasset, Méditations sur la chasse, souvent cité dans ce nouveau livre.
Grand chasseur, Luc Chartrand a voulu expliquer la personnalité complexe du chasseur. « J’ai parfois eu de la difficulté à faire comprendre aux gens pourquoi on fait ça, pourquoi on s’impose cette discipline pour aller chercher notre viande en forêt. » Avec celui de Y Gasset, voici un autre livre intéressant pour ceux qui chassent ou qui désirent comprendre les motifs ou les mobiles qui animent les chasseurs.
Le chasseur connaît le territoire
Selon Chartrand, le chasseur, qui pratique la « chasse fine », est un amoureux de la nature, un écologiste de terrain. Il connaît la flore, les arbres, la montagne et les marécages, les pistes et la biologie des animaux. Bref, il tire ses connaissances du territoire concret. « Partir à la chasse, c’est précisément sortir de la vie de tous les jours. La chasse marque assurément une rupture. C’est une activité en grande partie sociale, mais aussi une expérience individuelle profonde. » Chartrand avoue : « C’est cette liberté que j’aime. Toujours à la découverte de milieux différents. Cette liberté, tu ne l’as pas ailleurs. À Montréal, tu dois rentrer dans un cadre qui est défini. Des routes. Des règles. C’est essentiel pour mon équilibre mental. »
Le chasseur « prend des vacances de l’humanité. Lorsque l’homme chasse, il réussit à se divertir et se distraire d’être un homme. Et c’est le divertissement suprême, le divertissement fondamental », selon Y Gasset, souvent cité par Chartrand. Après la chasse, avec le scotch, commence « une joyeuse cuisine dehors, à la belle étoile, sous les flocons » pour manger les abats encore chauds. La chasse n’est pas un sport avec un esprit de compétition. « C’est un grand jeu de piste consacré d’abord à la quête d’indices, puis à l’élaboration de stratégie, par la dissimulation, l’approche, l’imprévu et la réussite joyeuse. »
Le chasseur, un protecteur des habitats de la faune et de la nature
N’oublions pas que le plus grand propriétaire qui sauvegarde les terres humides et les habitats des animaux sauvages en Amérique, après les parcs gouvernementaux, est Canards Illimités Canada. Les chasseurs membres contribuent par leurs dons à acheter des marécages, avant qu’ils ne soient drainés pour l’agriculture ou la construction résidentielle.
Le chasseur et son code d’honneur
Avec les golfeurs, les chasseurs sont-ils les derniers qui suivent un Code d’honneur et des règles d’étiquette? Avouons que ces concepts sont de plus en plus oubliés. Le chasseur respecte la nature et les animaux. Il accepte la « chasse à la bredouille ». Il ne vise pas nécessairement à tuer. « Il n’est pas essentiel à la chasse qu’elle soit réussie », peut-on lire dans le livre de Y Gasset. Bref, le chasseur contribue à faire de la chasse « un acquis du patrimoine immatériel de l’humanité ».
Références :
Grasset, José Ortega y, Méditations sur la chasse, Septentrion, 2006.
Canards Illimités Canada (Ducks Unlimited Canada)