Ô temps! suspends ton vol, et vous, heures propices!

Suspendez votre cours :

Laissez-nous savourer les rapides délices

Des plus beaux de nos jours!

Extrait du célèbre poème Le Lac de Lamartine, paru en 1820 dans son recueil Méditations poétiques.

 

Non, Lamartine ne sera pas écouté! Il n’a aucun pouvoir sur le temps comme nous! On ne peut arrêter le temps. Il glisse sans qu’on puisse le retenir. Insaisissable, il défile et les secondes s’enfuient et il nous est impossible de s’y attacher. Aussi impossible que de vouloir voler sur le dos d’un oiseau! Tout change, se transforme, évolue. Tout devient autre et il est invraisemblable de vouloir le supprimer. C’est un nomade qui poursuit sa route sans regarder derrière lui. Il existait avant nous, existera après nous. Platon, à Athènes, en 428 avant Jésus-Christ, n’a-t-il pas écrit que « le temps, c’est ce qui se passe quand rien ne se passe ».

 

Le temps est irréversible, car il nous est impossible de revenir en arrière. Il s’inscrit pourtant en nous sous la forme de nos souvenirs, certains que nous chérissons, d’autres que nous aimerions effacer. Il faut aussi préciser que vivant au Québec, ayant le bonheur de vivre quatre saisons, le passage du temps nous est particulièrement perceptible. Même s’il nous est impossible de le contrôler, nous avons le plaisir de voir son écriture dans les métamorphoses de la nature qui nous entoure. N’est-il pas magique de pouvoir admirer, observer ses écrits via tous ses passages au cours des mois qui transforment la blancheur de l’hiver en mille naissances printanières, qui s’épanouissent dans la générosité de l’été pour se terminer en une floraison de couleurs à l’automne ? Nous n’avons aucune autorité sur le temps. Il ne nous appartient pas, s’écoule sans que nous puissions le saisir. Seconde après seconde, il fuit, s’enfuit! Mais ne serait-il pas le temps que je lui laisse son envol en permettant au temps de vivre son temps ?