La liberté, Sancho, est un des dons les plus précieux que le ciel ait fait aux hommes. Rien ne l’égale, ni les trésors que la terre enferme dans son sein, ni ceux que la mer recèle en abîme. Pour la liberté, aussi bien que pour l’honneur, on peut et l’on doit aventurer la vie.
Miguel de Cervantes (1547-1616)
Cervantes avait le don de nourrir sa liberté au cœur d’une source où l’infini s’entremêlait au quotidien. N’est-ce pas ce que tout adolescent désire : sortir de sa coquille et assumer une liberté qui se promènerait aux quatre vents! C’est peut-être là leur véritable naissance, ce moment où ils déploient leurs ailes pour créer leur envol, pour dénouer ainsi le corset de l’obéissance. Le monde s’ouvre à eux. La coquille de l’enfance s’est fissurée et ils essaient de vivre dans l’infini d’une liberté sans failles, parfois avec succès et ouverture, parfois aussi en accumulant tant de faux pas, de dérives qu’ils se retrouvent au cœur d’un abîme où ils ont peine à bien survivre. Ils sont alors emprisonnés dans un carcan où la liberté n’existe plus.
Il en est tristement ainsi pour plusieurs pays où l’autoritarisme, les guerres, la pauvreté et la misère enferment comme dans un corset toute liberté individuelle ou collective. Dans ces pays, il n’y a plus de possibilités d’envol et certains et certaines iront jusqu’à mourir en tentant de reconquérir une liberté dont ils sont assurés d’avoir droit pour qu’enfin le monde s’offre à eux en toute liberté.
Pourtant, il ne faut pas oublier que la liberté a ses exigences, car elle tire sa source d’un infini qu’il nous est impossible d’emprisonner. N’est-elle pas aussi constituée de respect, d’attention à l’autre? La véritable liberté n’écrase pas autrui. Être libre, vivre libre donne des ailes et nous devrions voler, peu importe la couleur du ciel, en rendant grâce à cet état où le monde se présente à nous en toute liberté.
Non merci! Non merci! Mais chanter, rêver, rire, être libre. Avoir l’œil qui regarde bien, la voie qui vibre, mettre, quand il nous plait, son feutre de travers. Pour un oui, pour un nom, se battre, ou faire des vers!
Écrit par Edmond Rostand en 1897