François et Jacques


L’un est pape et l’autre n’a pas besoin de présentation.

 

Dans son excellent entretien avec Jacques Grand’Maison, Jocelyne Annereau Cassagnol (Le Sentier, avril 2013) relate l’évidente satisfaction de son interlocuteur, de l’élection de Mgr Jorge Mario Bergoglio comme pape, lequel a pris le nom de François en mémoire de François d’Assise. Cette satisfaction non dissimulée est fort compréhensible, car les deux hommes vivent leur sacerdoce avec la même authenticité, la même passion, la même conviction profonde, dans le respect du message du Nazaréen, suivant ma compréhension de ce qu’il est.

 

Victor Hugo écrivait : « Qui n’est pas capable d’être pauvre n’est pas capable d’être libre ». Il me semble que ce pape agit bien dans le respect de ce principe. Mais de là à convaincre certains membres de la Curie d’adopter cette façon de voir leur rôle dans l’institution qu’est l’Église, c’est un immense défi à relever. Je devine que la résistance sera à la mesure des enjeux. Voilà pourquoi le pape s’est empressé de s’adjoindre un conseil de huit cardinaux pour le conseiller dans cette entreprise de réforme. Le suave Mgr Ouellet ne fait pas partie de cette équipe.

 

Dans son blogue sur La Croix.com [une fois par semaine], la vaticaniste Isabelle de Gaulmyn a intitulé son article du 24 février 2013 Fantasmes sur la Curie. Elle y écrit notamment ceci : « Certes encore, le système curial est à bout : des responsables qui ne se renouvellent pas suffisamment, trop peu nombreux, incapables de répondre aux défis posés à une communauté de 1,2 milliard de croyants (1,4 milliard en 2025). Une organisation hyper centralisée, et paradoxalement, dans le même temps d’un amateurisme souvent déconcertant. »

 

Après le défi de la réhabilitation du Message originel, de la réforme en profondeur de la Curie, un autre défi de ce pape est non moins immense, voire démesuré : dissoudre le culte du secret qui entoure le Vatican. Isabelle de Gaulmyn : « […] Dans ce petit État à l’abri d’épaisses murailles, on n’accède qu’avec une autorisation, on ne parle pas, sauf sous le manteau, sub secreto. Les processus de décisions restent mystérieux, les documents non publiés. L’Église n’est pas une démocratie. […] De même pourquoi les comptes du Vatican ne sont-ils pas publiés et accessibles aux catholiques, après tout les principaux contributeurs, comme c’est le cas pour les ONG? »

Bref, d’immenses chantiers, mais oui « une chance, une grâce et un immense espoir ». Et une question de survie. Mais (enfin, enfin!) les Jacques ne sont plus seuls.

Michel Corbeil

Prière pour notre Terre (mots du pape François)

Dieu Tout-Puissant

qui est présent dans tout l’univers

et dans la plus petite de tes créatures,

Toi qui entoures de ta tendresse tout ce qui existe,

répands sur nous la force de ton amour

pour que nous protégions la vie et la beauté.

Inonde-nous de paix, pour que nous vivions

comme frères et sœurs

sans causer de dommages à personne.

Guéris nos vies,

pour que nous soyons des protecteurs du monde

et non des prédateurs,

pour que nous semions la beauté

et non la pollution ni la destruction.

Apprends-nous à découvrir

la valeur de chaque chose,

à contempler, émerveillés,

à reconnaître que nous sommes profondément unis

à toutes les créatures

sur notre chemin vers ta lumière infinie.

 

– Encyclique Laudato Si, § 246 (extraits)