L’estime de soi est un sujet d’actualité pour tous les âges. J’irais même jusqu’à dire : pour toutes les nations. Une estime collective qui nous mène, en tant que peuple, à nous respecter pour ensuite, respecter les autres. Il en résulte une grande fierté. Une fierté de langue, même si nous la maltraitons un brin. Une fierté de culture et de gastronomie. Une fierté de liberté de parole que bien d’autres nations nous envient en silence.
Voilà la fierté que je tente d’inculquer à mes enfants. Ils ne sont pas encore rendus à se demander si le roi Charles III a raison d’être leur souverain, aujourd’hui, en 2024. Ils ne se demandent pas encore si leurs petits-enfants parleront français à vingt ans. Ils ne se soucient pas du poids écrasant que l’économie étrangère met sur nos frêles expertises commerciales. Quant à la précarité de notre identité culturelle, cela ne leur dit strictement rien.
Apprendre du Gilles Vigneault à l’école
Cependant, je félicite l’école de mon grand, qui lui a appris à chanter Gilles Vigneault, en deuxième année.
« C’est monsieur de la Misaine, qui dit qu’il est capitaine
Mais moi j’ai vu son bateau, naviguer dans le ruisseau
Barati Baratin, haut-fond
Un haut-fond dans son jardin… »
Un effort à la fois, un détail, une parole, une citation reprise, redite, répétée… Une œuvre à la fois… Signée par tous nos grands qu’ils soient artistes, politiciens, citoyens engagés, mamans au foyer, papas débordés, enfants curieux… Notre société est si belle, une courtepointe de cœurs qui se métissent. Je veux dire à mes enfants que cette fierté n’est pas une exclusivité « made in Québec ». Nos chères Premières Nations sont fières. Les Irlandais également. Tout peuple doit défendre jalousement son droit d’exister. En particulier ceux qui frôlent l’extinction, avalés, osé-je dire « colonisés »?
Battez-vous mes enfants, pour la survie de nos droits et libertés
Vous êtes privilégiés, certes, de grandir sur une terre d’accueil magnifique, de connaître les quatre saisons dans votre jardin, de crier et de pleurer selon vos émotions, de rire aux éclats, de pouvoir exercer le métier de votre choix sans aucune restriction de race, de religion, ni de langue. Battez-vous, chers enfants, pour que le sirop d’érable et la poutine continuent d’être engloutis par des bedons somme toute, bien nourris. Accompagnez-les d’houmous et de toutes les épices du Moyen-Orient. Ouvrez les bras à toutes les odeurs, toutes les saveurs. Répondez à tous les sourires du monde. Apprenez à parler plusieurs langues. Reconnaissez les droits de tout être humain et protégez la vie. Celle d’une plante, d’un chat ou d’un enfant. Assoyez-vous près d’une personne d’un autre âge et écoutez ce qu’elle a à vous dire.
« Je me souviens ». Cela vous dit quelque chose?
Tout cela, faites-le en vous souvenant de votre petit cœur de Québécois qui palpite dans votre poitrine. Vous n’êtes pas obligés de tout aimer. La voix de Félix Leclerc ne vous touchera peut-être pas. Mais l’avez-vous entendue ne serait-ce qu’une fois? À quoi ressemble celle de Richard Séguin, de Johanne Blouin, d’Alys Robi? Reconnaîtrez-vous une toile de Riopelle? Mais tout cela, beaux enfants, c’est à moi de vous l’apprendre. Certes, l’école a un rôle de mémoire. La société tout entière doit vous enseigner cette histoire qui est la nôtre. Et aussi vous faire découvrir ces technologies et leurs savants, bien québécois, qui font avancer le monde entier, en neuroscience, en intelligence artificielle et jusqu’à la NASA.
Être fier d’être Québécois
Mais pour la voix de Félix et le houmous au sirop d’érable, c’est à moi, votre maman, de vous les faire connaître. C’est moi qui vous éduque et qui dois prêcher par l’exemple. Car si moi, je n’aime rien de ce qui se fait chez nous, si je critique sans rien de constructif à la clé et si j’envie tout ce que font nos voisins en pensant qu’ils font toujours mieux que nous, comment pourrai-je vous convaincre de l’importance d’être fiers?
Fiers d’être Québécois.
Fiers d’être vous-mêmes.