On dit que c’est la pénitence que le curé Labelle donnait à la confesse au lieu de « faites-moi un chemin de croix », selon l’historien Dr Michel Allard, pour illustrer l’obsession du curé Labelle. C’est dans le documentaire La grande histoire du P’tit Train du Nord de Jean-Nicolas Orhon que cette anecdote peut être entendue.

 

L’Histoire témoigne qu’autrefois des Algonquins chassaient dans les forêts laurentiennes. Mais c’est l’industrie forestière qui a exploité de grandes portions du territoire en y envoyant des centaines, voire des milliers de travailleurs qui se sont installés près des chantiers et des rivières. Un village a besoin d’un curé et c’est le curé Labelle qui est nommé à Saint-Jérôme. Ayant été témoin de l’exode massif des Canadiens français vers les usines de textiles des États-Unis, il veut les attirer vers le Nord. Il est convaincu avec passion que seul le train est la solution à l’isolement des bourgades de son vaste diocèse des Pays-d’en-Haut.

 

L’occasion de démontrer qu’un chemin de fer est nécessaire

En 1872 et 1876, Montréal connaît des pénuries de bois de chauffage durant de grands froids. Le curé organise des convois de charrettes à ski, remplies de bois, pour « sauver » les Montréalais. Preuve qu’un chemin de fer est nécessaire. Début en 1890 début de ce projet titanesque en montagne, où il supervise les chantiers de « son » chemin de fer qui atteint son terminus à Mont-Laurier en 1909. Il meurt en 1891 avant la fin des travaux.

 

On construit des gares qui deviennent le deuxième lieu de rencontres après l’église. On échange les nouvelles, on communique par la poste et le télégraphe. De nombreuses scieries s’établissent à proximité des chemins de fer. La population s’accroit et l’industrie touristique connait un essor. On voit l’établissement de lieux de villégiature et de clubs de chasse et de pêche. Aux abords de la voie ferrée du Train du Nord, hôtels, gîtes et restaurants font des affaires d’or. Les sports d’hiver sont extrêmement populaires dans les années 1930. Par contre, les skis doivent voyager dans le wagon à bagages, ce qui amène les compagnies à lancer les « trains de neige » où les nouveaux wagons permettent que les skis voyagent avec leur propriétaire. À seulement trois ou quatre wagons, on surnomme ce train P’tit train de neige en comparaison aux « gros chars ». Le Train du Nord est donc devenu Le P’tit Train du Nord. On s’adonne au ski de fond, mais l’invention québécoise du monte-pente à câble, le différencie du ski alpin qu’on pratique à plus de 150 à 200 sites.

 

Heures de gloire entre 1930 et 1950 et le déclin

Les années 50 voient l’auto et l’autobus devenir la préférence pour voyager. Les routes nationales deviennent des autoroutes et causent moins d’achalandage. On abandonne le transport de passagers en 1981 et des marchandises en 1989. L’année suivante, les rails sont retirés. Lorsque les dernières gares risquent la démolition, des organismes souhaitent réutiliser l’emprise en vue de concevoir un parc linéaire. À l’Annonciation, des divergences communautaires et commerciales en 1986 font les manchettes. C’est la naissance du mouvement Sauvons notre gare, qui motivera plusieurs municipalités tout au long du parcours à agir avant que ces bâtiments historiques ne disparaissent.

 

Le trajet ferroviaire devenu piste cyclable

Le Parc linéaire P’tit Train du Nord est le plus long parc linéaire au Canada et une des plus belles pistes cyclables en Amérique du Nord. Il compte 13 gares, rencontre 6 rivières et 7 lacs et traverse près de 26 municipalités tout au long de son parcours de 234 km.

 

Le P’tit Train du Nord

Aux Éditions du Grand Élan, c’est le titre d’un livre pour enfant, signé et illustré, d’Isabelle Charbonneau. Félix Leclerc l’a immortalisé dans sa chanson Le Train du Nord. On peut visionner gratuitement le documentaire de Jean-Nicolas Orhon La grande histoire du P’tit Train du Nord sur demande, sur la plateforme telequebec.tv.

 

Source :

Le documentaire La grande histoire du P’tit Train du Nord, de Jean-Nicolas Orhon.

Le P’tit Train du Nord – Exposition virtuelle sopabic-patrimoine.org/historique-du-ptit-train-du-nord.