De la poudre aux yeux avec Mona de Grenoble

Le 21 février le Théâtre Gilles-Vigneault affichait complet, lors de la venue de la flamboyante Mona de Grenoble. Sa grande popularité a su attirer toutes les tranches d’âge. Les spectateurs, bien au fait de l’humour décapant qui leur serait servi sur un plateau bien garni, savaient pertinemment à quoi s’attendre.

 

Alexandre en version Mona

Celui qui revêt les traits de cette si populaire drag queen, c’est Alexandre Aussant. Son personnage de Mona de Grenoble, imaginé par Alexandre, a fait en quelque sorte un coming out artistique au fameux Cabaret Mado, il y a environ six ans. Nommée la grande gagnante de la troisième saison de Big Brothers Célébrités en 2023, Mona remporta également le prix Découverte de l’année au Gala Les Oliviers en 2024.

 

Un premier « one-Mona-show »

C’est ainsi que l’artiste définit son premier spectacle, dont la mise en scène est signée Vincent Léonard. Si Mona aime bien les bijoux et les vêtements scintillants, on peut dire que son vocabulaire ne fait pas toujours dans la dentelle. La scène décorée de façon hétéroclite est tout aussi colorée que cette personnalité publique. Le tout est composé d’un canapé de style méridien, au-dessus duquel est suspendu un lustre entouré de coupes de vin, comme au temps de la Renaissance. Une statue dorée représentant un adonis à la tête de lion et un grand escalier attendent que Mona fasse son entrée.

 

Quand elle apparaît vêtue d’une longue cape pailletée, le public l’accueille comme une reine avec des applaudissements et des cris de joie. Heureuse de cet accueil, elle nous précise « ce show figure dans le stand up comique et même si je suis une drag queen, je ne fais pas de drag. Je ne suis pas comme les autres, je suis la version trash de Sol et Gobelet ». Les rires qui fusent démontrent que le mot trash, signifiant d’un goût douteux, convient bien à l’énoncé de Mona. Comme pour donner le coup d’envoi à cette soirée, elle lève sa coupe de vin vers la salle. D’ailleurs, tout au long de son dialogue, son verre ne la quitte pratiquement jamais. Elle affirme « l’alcool ce n’est pas un problème,, c’est un mode de vie! »

 

Un puissant côté verbomoteur

Pendant plus de 90 minutes, Mona n’a pas cessé de nous tenir en haleine avec moult détails et des précisions qui gravitent autour de sa perception de la vie. Par ses propos qui ne sont pas anodins, elle démocratise l’art de la drag. Si ses histoires sont exagérées, il n’en demeure pas moins que la diversité est une réalité et que ce genre humoristique comporte certaines vérités bien enfouies sous un épais maquillage. Elle nous parle de beaucoup de choses, par exemple de ce qu’elle n’aime pas, « J’haïs le spray net, je suis tellement inflammable que j’ai l’air d’une torche. Je vais faire flamber le théâtre. » L’hilarité qui s’en suit est contagieuse. Lorsqu’elle compare les genres sexuels à des croustilles, le résultat est, « Les chips régulières c’est les hétérosexuels. Les Miss Vickies, c’est les homophobes, parce qu’ils sont épais. Les Doritos c’est les drag queens, car ils sont épicés », etc.. Et elle continue longtemps sur cette lancée. S’ajoutent à cela ses échanges assez directs, mais dans la légèreté avec des personnes ciblées parmi l’assistance.

 

Évidemment, nous avons droit à des explications verbales et gestuelles assez claires concernant ses premières expériences amoureuses et sexuelles. Les stéréotypes et idées préconçues sont dénaturés de belle façon dans le vocabulaire de Mona. Elle nous parle de ses trois tantes qui ont teinté son tempérament. Il y a Cora qui lui a légué son impatience, car « elle ne fumait pas, elle mangeait ses cigarettes, car fumer c’était trop long », nous dit-elle. Aussi il y a Ida qui lui a transmis son franc-parler et finalement c’est de Bina qu’elle tient son amour de la boisson et de faire la fête. Le segment où elle nous relate les expéditions qu’elle a faites avec sa mère, lors de l’émission 50 façons de tuer sa mère, est fort bien caricaturé.

 

En se quittant…

Mona remercie les gens pour leur présence et leur énergie, ainsi que le personnel du TGV pour l’accueil reçu. Elle se sent privilégiée de poursuivre sa tournée pour plusieurs mois encore. Le mot de la fin est laissé à Alexandre qui nous laisse présager un éventuel retour sur scène, où il serait lui-même en piste. L’auditoire, en accord avec cette proposition, offre une ovation bien méritée à Mona, cette drag queen plus vraie que nature, unique en son genre.

Pour infos : théâtregilles-vigneault.com