Il y a 10 ans, le 7 janvier 2015, des terroristes islamistes, les frères Kouachi, ont assassiné à la Kalachnikov, douze personnes travaillant pour l’hebdomadaire satirique, Charlie Hebdo, dont huit membres de la rédaction : les dessinateurs Cabu, Charb, Honoré, Tignous et Wolinski, la psychiatre et psychanalyste Elsa Cayat, l’économiste Bernard Maris et le correcteur Mustapha Ourrad.
Au risque d’affecter les émotions des personnes hypersensibles, ne vaut-il pas la peine de se souvenir de cet ignoble événement, pour en éviter d’autres à venir? Pour prendre du recul, pour réfléchir, il faut faire le tour des réactions : Québec, France, et États-Unis.
Roméo Bouchard
Au Québec, nos intellectuels de gauche, avec Roméo Bouchard en tête, situent ces assassinats dans le contexte plus global de la lutte anticolonialiste, en tentant maladroitement de justifier le rôle des frères Kouachi et en faisant appel au fameux « pas d’amalgame ». N’oublions pas qu’ils sont appuyés par la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH). Pour eux, c’est l’Occident qui est coupable.
Michel Seymour
Abondant dans le même sens antiCharlie que le sociologue Mouterde, le professeur de philosophie Michel Seymour de l’UMontréal, explique cet acte barbare par des causes politiques. « Le ressentiment anti-américain et anti-occidental a trouvé chez ces populations un terreau fertile. Je suis donc plutôt de l’avis de Pierre Mouterde qui, dans Le Devoir a écrit l’article Je suis Charlie, oui, mais, où il exprimait comment l’Occident récolte malheureusement un peu ce qu’il a lui-même semé. »
Jocelyn Maclure
Jocelyn Maclure, professeur de philosophie éthique à l’ULaval, n’est pas en reste avec son texte dans l’Actualité, : Le droit de Charlie Hebdo de critiquer, et le droit de critiquer Charlie Hebdo. Pour relativiser la tuerie, le professeur d’éthique place les assassins Kouachi et les journalistes sur un pied d’égalité. Il écrit : « La publication des caricatures (de Mahomet) me semblait défendable d’un point de vue juridique, mais déplorable d’un point de vue éthique. Ce n’est pas parce qu’on a le droit de publier quelque chose qu’on devrait le faire. »
Lise Ravary et Patrick Moreau
Lise Ravary dans le Journal de Montréal et le chroniqueur Patrick Moreau, professeur de littérature au cégep Ahuntsic, leur répliqueront dans Le Devoir Le sophisme odieux des « vrais coupables ». Pour certains intellectuels, l’Occident est toujours coupable, quoi qu’il fasse.
François Doyon
Le professeur de philosophie du Cégep de Saint-Jérôme, François Doyon, dénonce L’angélisme naïf des intellectuels qui défendent les religions, dans Médium.com, comme les philosophes Jean Grondin, Georges Leroux et Michel Seymour. Les trois tentent de justifier le « mais » du Je suis Charlie, oui, mais… Doyon fonde sa dénonciation sur les écrits du grand philosophe Hans-Georg Gadamer. En France, le livre Nous sommes Charlie, 60 écrivains unis pour la liberté d’expression, dont Éric-Emmanuel Schmitt, dénonce cette tuerie.
Protestation au PEN American Center
Aux États-Unis, des écrivains protestent contre la remise d’un prix à Charlie Hebdo. « New York — Six célèbres romanciers se sont retirés du gala d’une société littéraire américaine pour protester contre son choix d’attribuer le mois prochain une récompense pour la liberté d’expression au magazine satirique français Charlie Hebdo : Peter Carey, Michael Ondaatje, Francine Prose, Teju Cole, Rachel Kushner et Taiye Selasi ne participeront pas au gala annuel du PEN American Center, qui doit se tenir le 5 mai. ».
Salman Rushdie
Dans la revue Le Point de France, Christophe Ono-dit-Biot publie un « Entretien exclusif » avec Salman Rushdie, qui leur répond qu’il est frappé par une fatwa et est une autre éventuelle victime des islamistes et dès que les gens disent « Je crois en la liberté d’expression, mais… », j’arrête d’écouter. On ne peut limiter la liberté d’expression.
Loyola Leroux, professeur de philosophie
En souvenir de l’attentat contre Charlie Hebdo, le 7 janvier 2015 | Journal le sentier
(Note : L’édition numérique du journal Le Sentier permet, en cliquant sur les liens, de lire les textes de références.)