Inauguration de la bibliothèque en présence du maire Bruno Laroche (centre), Élise Chaumont, responsable, Marcel St-Pierre (à sa gauche), artiste décorateur, dignitaires et bénévoles.
D’un petit coin à la sacristie à l’imposant édifice au cœur du village, l’histoire de la bibliothèque de Saint-Hippolyte est l’œuvre de femmes et d’hommes qui ont cru à l’importance du savoir et de la culture.
La bibliothèque actuelle est largement fréquentée et appréciée des Hippolytois, villégiateurs et visiteurs, petits et grands1. Elle est par son environnement, son personnel accueillant, compétent et son offre pluridimensionnelle de services, un 3e lieu de vie après la maison, l’école ou le travail. Édifice spacieux et fonctionnel, loin des alcôves de bons livres2 d’autrefois, les usagers y apprécient les postes informatiques, l’Internet
et le Wi-Fi gratuit, l’emprunt de tablettes iPad, DVD et autres ressources numériques, accès à 30 000 documents de publication, prêt entre bibliothèques ainsi qu’à une variété alléchante d’activités, d’animation et d’expositions tout au long de l’année3.
Inauguration de la bibliothèque de Saint-Hippolyte, novembre 1977. À gauche, René Gagnon, curé, Roger Cabana, maire et son épouse Mona (fondatrice de la bibliothèque avec Mireille McNulty) et le centurion Hippolyte, mascotte de la municipalité.
1977 : Débuts modestes dans une sacristie
Cet intérêt pour la culture se manifeste aussi chez Mona Cabana et Mireille McNulty qui s’investissent dans des organisations charitables et communautaires existantes4. La création d’une bibliothèque est donc une préoccupation, mais des obstacles se dressent devant elles : la nécessité d’un local adéquat, sécuritaire contre les incendies et accessible à tous, un approvisionnement en livres suffisant, tout comme l’apport de bénévoles pour en assurer le service. Elles demandent pour un, s’il est possible d’offrir le local adjacent à la sacristie, en accord avec le conseil de Fabrique, pour l’autre, l’ameublement nécessaire. Parlant à droite et à gauche de leur projet, cette idée fait son chemin jusqu’aux oreilles de René Gagnon, curé de la paroisse et du maire Roger Cabana.
1987 : Sous-sol de La Communale
Rapidement, la fréquentation de la bibliothèque s’accroît et le manque d’espace devient criant. Sous l’administration du maire Georges Loulou (1985 à 1993), les bureaux administratifs de l’hôtel de ville s’installent dans le bâtiment de l’ancienne école Notre-Dame du Rosaire qui devient La Communale. On offre le sous-sol pour y installer la bibliothèque. Bien que ce lieu de 54 mètres carrés soit plus spacieux, rapidement il ne suffit pas pour répondre aux besoins grandissants de la population, en livres et en services.
Livres anglais : Cynthia Ward, une bénévole au grand cœur
Saint-Hippolyte est historiquement un lieu bilingue : anglais-français. Longtemps, les offices religieux y étaient bilingues tout comme les publications municipales et communautaires (minutes d’assemblée municipale, semainier paroissial, journal Le Sentier). Ainsi, pour répondre à l’ensemble de la population, la bibliothèque devait posséder une section de livres en anglais et une personne avec la capacité de desservir cette clientèle. C’est là qu’entre en scène, Cynthia Vadeboncoeur, mieux connue sous le nom de Cynthia Ward (Bert Ward). Bien qu’âgée, madame Ward consacre encore aujourd’hui, bénévolement beaucoup de temps pour desservir les usagers de la bibliothèque.
1995 : Pavillon Aimé-Maillé
À la bibliothèque, le besoin d’espace reste toujours criant. L’administration de Georges Loulou (1985 à 1993) a, lors de son deuxième mandat, un projet d’agrandissement de l’ancien pavillon Roger-Cabana. Il prévoit y consacrer une aile pour la bibliothèque.
En 1994, durant l’administration de Denis Y. Laflamme (1993 à 1997), un projet de construction d’une bibliothèque est abandonné, faisant suite à un sondage mené auprès de la population (205 oui, 597 non)
Finalement, en 1995, la bibliothèque déménage dans une partie du pavillon Aimé-Maillé.
Cette situation ne fait pas le bonheur des responsables sportifs qui, ayant longtemps réclamé ce bâtiment, doivent maintenant le partager. Les responsables de la bibliothèque qui se succèdent , Pierrette Asselin et Élise Chaumont (1996), composent avec la situation. Lors de ces années, les coûts d’abonnement connaissent une baisse et en 2013, la gratuité est établie pour les citoyens et les villégiateurs.
2014 : Bibliothèque au village
Le plan d’urbanisme et le développement de la politique culturelle de l’administration d’Yves St-Onge (1997-2005), auxquels s’ajoute un plan de revitalisation du noyau villageois de l’administration du maire Gilles Rousseau (2005 à 2009) et préparent le terrain à des changements. En septembre 2014, c’est donc sous l’administration de Bruno Laroche (2009-2021) qu’une bibliothèque moderne et chaleureuse est inaugurée. Ses espaces aménagés pour tous les groupes d’âge et sa salle multifonctionnelle pour accueillir des expositions de tous genres ravissent la population.5 Pour Élise Chaumont, responsable de la bibliothèque depuis plus de 25 ans, « ce bâtiment imposant au cœur du village fait tourner la tête à beaucoup de passants, plusieurs ont le goût de la visiter! »
1 Selon les relevés du 31 août 2021 et en tenant compte de la pandémie actuelle, la bibliothèque compte 2128 abonnés dont 5 % sont des villégiateurs et 2 % proviennent de l’extérieur du territoire (Sainte-Sophie, Sainte-Marguerite, Prévost). Durant cette période, 9974 personnes l’ont fréquentée et 45671 documents ont été prêtés. Source : Élise Chaumont, responsable de la bibliothèque.
2 Alcôves de bons livres : expression employée pour décrier la censure et le puritanisme des collèges privés et sous-sols d’églises d’autrefois, en matière d’éducation. Antoine Gérin-Lajoie (1824-1882), poète, avocat, journaliste et romancier canadien-français et auteur de plusieurs ouvrages dont la chanson populaire Un Canadien errant.
3 Site municipal : Bibliothèque et Culture https://saint-hippolyte.ca/services-aux-citoyens/bibliotheque-et-culture/ma-biblio
4 Cercle paroissial des loisirs, Cercle de Fermières, Comité organisateur du Centenaire, L’Ouvroir, Conseil de Fabrique de la paroisse entres autres.
5 2016 : Réception du Prix d’excellence Marcel-Bouchard du Réseau BIBLIO des Laurentides.
Effervescence culturelle des années 1970
L’existence de la bibliothèque de Saint-Hippolyte, comme plusieurs au Québec, résulte de l’effervescence culturelle des années de la Révolution Tranquille québécoise1. Époque marquée d’une ouverture sur le monde (Expo 67) et d’une soif de culture et d’art. Saint-Hippolyte a emboîté le pas. Sa population permanente croît, tout comme celle des villégiateurs, par l’amélioration des voies de communication2 qui rend le territoire plus accessible. Aux yeux du maire Gérard Thériault (1963-1971), Saint-Hippolyte est l’endroit idéal pour ériger votre industrie, votre résidence, votre chalet (hiver-été) 3. Hôtels, restaurants sont nombreux, Mont-Tyrol et pistes de motoneige attirent tout comme les activités sportives et culturelles plus nombreuses. Tout est propice à la création d’un lieu de culture telle une bibliothèque.
1 Hélène Roussel, Les bibliothèques publiques québécoises, Documentation et bibliothèques, Vol 54, no.2 avril-juin 2008
2 Ouverture de l’autoroute des Laurentides jusqu’à Saint-Jérôme (1961) et amélioration de la route 11 qui devient la 117 (1970).
3 Slogan de la campagne électorale de 1963
Approvisionnement en livres
Bibliothèque centrale de prêts BCP devenue Réseau BIBLIO
Dès 1979, Denis Vaugeois alors ministre de l’Éducation du premier gouvernement de René Lévesque (Parti Québécois) donne une impulsion importante à l’essor des bibliothèques municipales. Le budget substantiel qu’il accorde au réseau des Bibliothèques centrales de prêt (BCP) créé en 1977 a pour effet de doubler l’achat de livres mis en circulation, encourageant ainsi la création de nouvelles bibliothèques. Les centres régionaux de services aux bibliothèques publiques (CRSBP) portent aujourd’hui le nom de Réseau BIBLIO. Aujourd’hui 11 centres BIBLIO desservent 748 bibliothèques au Québec.