C’est le 25 janvier que la pièce Bachelor, ayant connu un immense succès en 1979, fut présentée au théâtre Gilles-Vigneault. Aller à la rencontre d’un personnage en solo et de pouvoir entendre un texte riche et si bien rendu est un privilège. Ce soir-là, cette Dolorès a su rallier les spectateurs à sa cause. C’est la comédienne Monika Pilon qui incarne la captivante et volubile Dolorès. On se souviendra notamment qu’elle interprétait l’agente immobilière Karol-Ann dans la comédie télévisuelle Le Bonheur.

 

Bachelor d’hier à aujourd’hui

Présentée par les Productions Martin Leclerc sous la direction artistique de Michel Poirier, Bachelor fut créée il y a 45 ans et elle ne semble pas avoir vieillie. Ses auteurs Louis Saia, Louise Roy et Michel Rivard furent peut-être des visionnaires sans le savoir. À cette époque, c’est Pauline Martin qui a défendu ce rôle suivi de Sylvie Léonard en 2004. Depuis plus d’un an, il revient à Monika de nous présenter sa Dolorès sous l’impeccable mise en scène d’Édith Cochrane.

 

Monika dans la peau de Dolorès

Le décor, où on y voit un très petit appartement, représente bien Bachelor, le titre de la pièce. À travers des propos qui rendent le tout si crédible, on y découvre une femme attachante. En quelques lignes, en voici l’histoire. Dolorès arrive sans crier gare chez sa voisine Michèle qui est pianiste, mais nous ne la voyons pas. On peut y entendre par moments quelques notes de piano et cela permet de bien assimiler certaines réflexions que la protagoniste partage avec nous. Tout en s’épilant les jambes, Dolorès nous parle de son métier d’étalagiste chez Eaton, cette institution d’un passé pas si lointain. Elle nous raconte également ses amours complexes avec son patron, qui de toute façon ne semblait pas la comprendre et de plus il était marié, nous dit-elle bien innocemment.

 

Elle nous décrit son amoureux actuel qui est plus jeune qu’elle d’environ une dizaine d’années et tout ce qu’elle fait pour lui plaire. Nous sommes témoins de leurs échanges téléphoniques quand par exemple, elle lui avance des sommes d’argent, alors que son paternel est bien nanti. Mais « son père ne le comprend pas », nous dit-elle bien naïvement. Tout au long du discours de Dolorès, on peut nettement ressentir les abus de pouvoir dont les femmes sont encore victimes, que ce soit dans leurs vies personnelles ou professionnelles.

 

L’humour est présent à plusieurs reprises et bien ressenti dans le ton choisi par Dolorès ou par certaines blagues bien placées. Évidemment, il y a un contexte et certaines prononciations sont à retenir. À titre d’exemple, elle n’a pas son pareil pour dire le mot « salopette » qu’elle répète à quelques reprises. Tout comme ses mimiques et gestuelles qui sont remarquables. D’allier des actions à une conversation dirigée vers sa voisine imaginaire et garder son focus, c’est tout un exploit!

 

Un personnage plus grand que nature…

La pièce dure 90 minutes sans entracte, mais il y a un petit interlude entre deux volets. Durant la première partie, Dolorès nous démontre un bel enthousiasme face à la vie. Alors que, par la suite, elle perd ses illusions et qu’elle semble défaillir sous le poids incessant de diverses déceptions. Elle réalise que de vouloir plaire sans compromis apporte une pression qui a des retombées néfastes sur son quotidien.

 

Voilà un exemple bien présent encore de nos jours

Durant le spectacle, l’humour fait graduellement place à des situations plus dramatiques. Sous nos yeux, l’actrice se transforme à travers son texte qu’elle maîtrise parfaitement. Pendant cette représentation, Dolorès relève le défi de nous faire rire et de nous toucher, à travers l’excellente interprète qu’est Monika Pilon. Une ovation bien méritée est offerte à l’artiste pour sa prestation fort bien appréciée et son indéniable talent.

 

Pour infos : theatregilles-vigneault.com