Avec Anthony Kavanagh, on se sent Happy

Le 19 avril la salle du Théâtre Gilles-Vigneault affichait complet pour la venue de l’unique Anthony Kavanagh. Artiste aux multiples talents, il sait rassembler les foules et nous distraire du début à la fin. En ces temps parfois morose, l’humour est un remède fortement recommandé et il nous en sert toute une dose!

 

Anthony est de retour!

Le titre Happy, reflète en tous points l’état d’esprit dans lequel on se trouve en allant voir ce dernier et dixième spectacle solo de Kavanagh. Après cinq ans d’absence, il revient à « son » Québec pour encore mieux partager avec nous ses joies, sa folie et ses anecdotes teintées d’une vérité pas si loin de la réalité. Il a une facilité à interagir avec le public, de sorte que les réactions ne se font pas attendre. Impulsivement, il invite des spectateurs qui sont assis à la dernière rangée du balcon à se rapprocher vers les premières rangées, où quelques sièges sont libres. Il dit pourquoi ne pas faire plaisir aux gens quand c’est possible? Voilà un beau trait de sensibilité du cœur apprécié de tous.

 

Il nous raconte un peu sa triple embolie et son infarctus pulmonaire qui ont mis sa vie en péril en 2017. On peut comprendre alors sa vive émotion de retrouver le public québécois. Il nous avoue « Je suis en couple depuis 21 ans, mais ma plus longue relation c’est avec vous. Cela fait 35 ans que je suis en relation avec vous » et ainsi il déclenche des applaudissements de reconnaissance.

 

Une bête de scène

Anthony semble infatigable, à le voir ainsi se déplacer sans arrêt d’un bout à l’autre de la scène. Imiter, faire des sons, chanter et nous faire rire, voilà tout ce qu’il nous offre sans artifices ni décors spéciaux. En effet, le personnage est à lui seul si complet que sa seule présence suffit à remplir l’espace scénique. Pendant près deux heures, et ce sans entracte, il nous fait part de ses opinions ou impressions qui sont présentées en formule segmentaire. Avant chaque sujet, il incite la salle à lui dire haut et fort « Pour être heureux, il faut… », et il continue avec des anecdotes qu’il souligne de ses mots d’esprit. Tout cela nous est communiqué sans vulgarité et avec une bonne dose de bienveillance.

 

Il nous avise qu’il fera des blagues racistes, sur les hommes, les femmes, les préjugés envers diverses nationalités, les riches, les pauvres, etc. À la blague, il nous rassure « J’adore les pauvres, j’ai des amis qui font du théâtre ». Il poursuit en nous suggérant d’allumer notre second degré et à titre d’exemple il mentionne : « Ce soir, je vais tout donner et penser sans compter, messieurs demandez aux femmes de vous expliquer c’est quoi de penser sans compter ».

 

Ce Québécois d’origine haïtienne nous rappelle de beaux moments lorsqu’il prêta sa voix pour certains personnages de films d’animation. Quel plaisir d’entendre Mulan, La princesse et la grenouille, Madagascar et l’inoubliable génie d’Aladdin! Quand il défait ses cheveux afin de les ajuster selon la chanson qu’il interprète et en imitant parfaitement le chanteur original, c’est assez inusité. Il nous confirme son incomparable registre vocal ainsi que son aisance à émettre des sons avec I Just Called to say I love you (Stevie Wonder), N’importe quoi (Éric Lapointe), Alors on danse (Stromae) ou Stand by Me (Ben E. King) ainsi que plusieurs autres titres.

 

Une fin heureuse…

Le terme anglais happy qui signifie heureux se décrit par un état de bien-être et de joie, cela semble bien coller à ces sentiments intérieurs dans lesquels les spectateurs furent plongés durant cette soirée. Anthony nous remercie de l’avoir à nouveau accueilli à bras ouverts, en ajoutant « J’ai failli mourir et il me manquait une chose et c’est vous le public, vous êtes ma drogue. » Une ovation de plusieurs minutes lui est offerte comme un gage d’appréciation bien mérité. Suite à cette représentation et grâce à cet artisan hors du commun on ne peut que se sentir happy en sortant du théâtre..

Pour infos : theatregillesvigneault.com

Photo : gracieuseté