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Armand Lavergne. Une fierté française ignorée aujourd’hui (2e partie)

Armand Lavergne (1880-1935), père de la loi Lavergne de 1910, une esquisse de la loi 101, est le Camille Laurin (1922-1999) du début du XXe siècle. Ils sont deux grands défenseurs de la langue française! Lavergne est l’ancêtre du Bloc Québécois, car il y a 100 ans, il défendait les mêmes objectifs. La rigueur de ces deux croisés de la langue et surtout de la grande culture française a contribué à empêcher leur disparition en Amérique.

 

Après vous avoir informé du rôle du clergé catholique irlandais dans sa lutte pour faire fermer les écoles françaises de toutes les provinces du Canada et de la Loi Lavergne qui obligea les compagnies de transport de Montréal à abandonner les billets de tramway rédigés uniquement en anglais, pour des billets non pas bilingues, mais en français, je persiste en présentant d’autres grandes particularités de la lutte d’Armand Lavergne pour la défense du français.

 

Lavergne dénonça farouchement les colonisés, les quatre ministres conservateurs francophones qui ont voté pour la pendaison de Louis Riel : Adolphe Chapleau, Hector-Louis Langevin, Adolphe-Philippe Gagnon et Thomas Chase-Casgrain. Il divulgua aussi les noms des Canadiens français qui ont voté avec les Anglais au Sénat québécois : Édouard Burroughs Garneau, Narcisse Pérodeau, Joseph Lanctot et Rodolphe Lemieux.

 

Pour certaines mentalités, le français est la langue du vaincu, de la race inférieure

The Gazette, Le Soleil et La Presse s’opposent à la Loi Lavergne qui défend le français. Seul Le Devoir l’appuie. Il qualifie le journal La Presse « d’antique prostituée ». Pour Lavergne, « un peuple qui méprise sa propre langue mérite d’être appelé une race de vaincus ». Il faut noter qu’il y a un siècle, l’emploi du mot race n’avait pas un sens négatif comme actuellement. Il signifiait simplement les caractéristiques de la culture, de la race japonaise, russe, chilienne, française, anglaise, etc., sans les hiérarchiser.

 

Lavergne a toujours protégé les malheureux colons contre les spéculateurs et les compagnies forestières prises à couper du bois sur des terres qui ne leur avaient pas été concédées avec l’accord du ministre des Terres, avant que ces terres soient transférées au ministre de la Colonisation, qui devait aider les colons. De plus, il n’accepte pas que le gouvernement laisse les Américains s’enrichir avec nos pouvoirs électriques. En tant qu’avocat, en plus d’être soldat et capitaine dans l’armée, il aide bénévolement les mères de famille dans leurs demandes de pension de l’armée pour donner suite au décès de leur mari à la guerre.

 

Il apprend qu’à Ottawa, l’immigration joue contre les Canadiens français à cause des agents recruteurs fédéraux qui n’acceptent que des immigrants qui parlent anglais et refusent ceux de France. Il s’en prend à Taschereau (le premier ministre du Québec) au sujet de traitement des instituteurs qui gagnent moins de cent dollars annuellement. Il se bat également contre les industries qui font travailler les femmes et les enfants douze heures par jour. Son style est marqué par l’humour. Il fait souvent rire les députés en Chambre, même si au parlement d’Ottawa, toutes les interventions devaient se faire en anglais.

 

Lavergne a consacré sa vie à faire mentir le vieil adage romain Vae Victis, (honte aux vaincus). Une foule de plusieurs milliers d’admirateurs ont assisté à ses funérailles et à sa mise en terre au cimetière d’Arthabaska. Depuis, presque aucun souvenir.