Au pays de la vie ordinaire, il est difficile de parler des héros. Notre époque en a surtout pour les vulnérables, les minorités et les exclus. Peut-on vivre, construire un pays, sans donner à nos enfants des exemples de héros, de modèles? Il me semble important de rappeler que des individus sont montés au front et ont accompli des actes héroïques pour protéger la liberté, leurs valeurs, leurs raisons de vivre.
Depuis la Révolution tranquille, nos historiens ont déboulonné les héros de mon enfance ; Dollar des Ormeaux, Lambert Closse et sa chienne Pilote, Madeleine de Verchères, défendant la colonie contre les Iroquois, Louis Jolliet et le père Marquette découvrant le Mississippi, Frontenac lançant son fameux « Je répondrai par la bouche de mes canons » aux Anglais attaquant Québec. Même localement, nos historiens, comme Serge Laurin, ne sont pas en laisse, en voulant noircir l’image du Curé Labelle. Difficile dans ce contexte de parler de héros.
Léo Major (1921-2008) en est un!
Léo Major est un Franco-américain, né aux États-Unis. En 1940, Léo Major s’enrôle dans le Régiment de la Chaudière. Durant la Deuxième Guerre mondiale, il participe le 6 juin 1944 au débarquement en Normandie. Blessé, il perd l’usage d’un œil, mais au lieu de se retirer, il continue comme tireur d’élite. Il est aussi un éclaireur, et doit effectuer à pied, incognito, des missions de reconnaissance des forces ennemies, en évitant de se faire prendre et en ramenant le plus de renseignements possible.
Il deviendra célèbre dans la ville de Zwolle, en Hollande, en capturant seul, les soldats allemands qui tenaient la ville. Il fit tant de tapage que ces derniers, croyant avoir affaire à des forces supérieures, se sont rendus et faits prisonniers. Il était entré dans cette ville secrètement, pour préparer le bombardement qui devait avoir lieu avant l’attaque par l’infanterie. En capturant les soldats de la Wehrmacht, il a ainsi évité la destruction de la ville par les bombes des Alliés. De nos jours, les habitants de Zwolle fêtent cet événement et ont nommé une rue en son honneur : la rue Leo Majorlann. Paradoxalement, il est inconnu au Québec.
Léo Major s’illustra aussi pendant le conflit en Corée
Après trois jours de combat héroïques, Léo redescend avec ses hommes vers le camp de base. Il porte sur ses épaules un soldat blessé. En approchant du camp, un journaliste de Radio-Canada veut que Léo lui accorde une entrevue sur la bataille qui a eu lieu. Laissons Léo raconter la suite : « René Lévesque voulait que je réponde à ses questions pour son show à la radio. Je lui ai répondu, comme à tous les autres : “Si vous voulez vous renseigner, voyez le colonel Dextrase. Lui, il est en bien meilleur état d’âme que je ne le suis. Moi, je n’ai rien à vous dire. Je ne suis pas le genre de type à parler avec des gens qui croient que les guerres sont le déroulement d’un grand spectacle”. »
Tout un homme, ce Léo Major! Il est le seul Canadien, de toute l’armée britannique et du Commonwealth à avoir reçu la Médaille de conduite distinguée (D.C.M.) à deux reprises dans deux guerres différentes.
Léo Major : le Rambo québécois
Suivez ses exploits :
youtube.com/watch?v=x02_1EnOa2o
jemesouviens.org/fr/leo-major-un-heros-militaire-quebecois
La petite histoire : Léo Major, un héros québécois youtube.com/watch?v=gmMUnBI90uE