Les premiers ministres Gabriel Attal et François Legault ont utilisé lors de leurs élocutions, à l’Assemblée nationale un nouveau mot « découvrabilité » pour faire découvrir et augmenter le contenu francophone sur les plateformes américaines.
Depuis les années 1960, les spécialistes des médias, comme André Noël dans son livre Le style (journalistique), préconisent de toujours écrire au présent, sans adverbe, ni adjectif, ni mots compliqués, ni expressions latines, que des phrases courtes et simples, etc. « Il faut éviter le passé simple, l’imparfait du subjonctif et le conditionnel de précaution. »
Pour avoir corrigé des dissertations pendant 36 années, je n’ai jamais compris pourquoi les enseignants de français insistaient sur l’apprentissage des 15 règles de l’accord du participe passé avec l’auxiliaire avoir, sur l’orthographe et la prononciation. Constatons que pour écrire en français, il faut bien structurer plus de 47 lettres (incluant les accents) pour seulement 26 en anglais.
Qu’en était-il du vocabulaire?
Pourquoi insistons-nous si peu sur la connaissance d’un vocabulaire enrichi, comme la différence entre concept et notion; possible probable; parfum lotion; crème potage; épices condiments; mystification mystère; gourmet gourmand; nation tribu; infini illimité; semblable identique; résidence domicile; mobile motif; excellence élitisme; privilège favoritisme. Un ancien collègue, professeur de français, me disait que, selon lui, la pauvreté du vocabulaire influençait les mauvaises structures de phrases et entrainait plus de « fote d’ortograf ».
Avouons, à la décharge des jeunes, que le fait autrefois de suivre des cours de latin pendant les quatre premières années du cours classique, de la 8e à la 11e année, facilitait l’utilisation de notre belle langue. De plus, les lecteurs de nouvelles à la télévision, qui s’expriment impeccablement et articulent bien, devraient servir de modèles aux jeunes qui pratiquent un full-bilinguisme entre eux et sur les réseaux sociaux.
Voici quelques exemples de « mots à sauver » tirés du livre de Bernard Pivot
- Brimborion : babiole, petit objet sans grande valeur.
- Capon : froussard, lâche, poltron, trouillard.
- Carabistouille : propos anodin et un peu trompeur.
- Chemineau : vagabond, trimardeur, pas un cheminot.
- Coquecigrue : oiseau bizarre (regarder voler des c : se faire des illusions).
- Débagouler : ne se retient pas de proférer des propos désobligeants.
- Déduit : habile au déduit, jeu, divertissement.
- Ébaudir (s’) : se réjouir, se divertir, s’amuser.
- Flandrin : grand dadais, sans caractère, ni colonne.
- Goguenardise : raillerie, moquerie.
- Melliflue : qui a la douceur du miel.
- Mirliflore : gandin, jeune homme élégant.
- Patache : voiture bringuebalante, inconfortable.
- Peccamineux : qui commet des péchés.
- Péronnelle : jeune fille sotte et bavarde.
- Subséquemment : après, en conséquence.
- Valétudinaire : dont la santé n’est pas bonne. Pendant longtemps, j’ai cru que valétudinaire signifiait « hésitant, irrésolu ». Voilà ce que c’est, mes chers parents, de ne pas m’avoir fait faire de latin! Sinon, j’aurais su que le mot latin valetudo a pour traduction « état de santé ».